Darjeeling et Sikkim

Le North East Express nous a donc emmenés cette nuit de Mughal Saraï, près de Varanasi, à New Japalguri, petite ville à proximité de Siliguri. À notre arrivée vers 8h30 nous prenons un petit déjeuner dans l’enceinte de la gare, un mélange de patates très épicé, des chapatis et du chaï (thé au lait).

Quand nous sortons de la gare de New Japalguri, nous sommes assaillis par les chauffeurs de taxis jeep qui cherchent à remplir leurs véhicules.

Après négociations, nous trouvons une jeep (320 roupies par personne, on ne saura jamais si c’est un prix correct ou pas…) qui se remplit rapidement et au moment du départ le soleil qui donne sur les vitres et la proximité des autres passagers nous tiennent chaud. Nous traversons New Japalguri et Siliguri et si la conduite semble ici plus sage, les cris des klaxons sont eux toujours bien présents.

Quelques kilomètres après Siliguri commence la route de montagne ; très vite elle devient étroite et sinueuse et croiser d’autres véhicules, pourtant nombreux, devient délicat. Au fur et à mesure de la montée, où nous sommes ballotés les uns contre les autres, la température baisse, les fenêtres se ferment et notre voisine pâlit ; elle finira le trajet en vomissant à plusieurs reprises par la fenêtre.

À l’approche de Darjeeling, nous croisons les rails du Toy train, le chemin de fer himalayen de Darjeeling, qui longe puis croise la route défoncée.

Au bout de 4 longues heures et une centaine de kilomètres nous arrivons enfin à Darjeeling et la jeep nous dépose en plein « centre-ville ». Du fait de l’étroitesse des rues pentues et du nombre important de véhicules, le son des klaxons est ici aussi infernal. La ville est si escarpée qu’il n’y a quasiment aucun bus public contrairement aux autres régions de l’Inde, on circule uniquement en jeep dans lesquelles on s’entasse au maximum.

Avec l’aide de notre guide lonely planet nous nous dirigeons vers un quartier aux multiples possibilités d’hébergement. Après quelques essais infructueux, une guesthouse pleine, une trop chère…etc, nous trouvons une jolie chambre peu chère mais sans douche ni eau chaude. Cette dernière vous est apportée sur demande dans un grand seau moyennant 10 roupies. On se rend très vite compte que la température y est vraiment basse la nuit du fait du courant d’air qui la traverse entre les 2 fenêtres impossibles à fermer complètement.

Une soirée avec du Toblerone dans le palais des courants d'air...

Nous ressortons pour faire les premiers repérages, nous familiariser avec la ville et surtout trouver un endroit où manger. Ici on a l’impression d’avoir déjà quitté l’Inde et gagné le Népal, d’ailleurs la plus grande partie de la population de Darjeeling et du Sikkim est d’origine népalaise ou tibétaine et par beau temps on peut apercevoir les pics enneigés de l’Himalaya et notamment le Khangchendzonga (8598m), point culminant de l’Inde et 3ème plus haut sommet du monde.

Mardi 17 avril. À Darjeeling nous découvrons avec un mélange d’effroi et d’admiration les « porteurs ». Ces personnes, hommes, femmes et même enfants transportent sur leur dos tout ce qui est transportable et ce quelque soit le poids. Ils passent pour cela une corde sous la charge et sur leur front et parcourent des distances considérables avec une dénivelée qu’on ne peut négliger ici.

Nous nous rendons après un petit déjeuner parfait dans une petit restau nommé Sonam’s Kitchen tenu par des népalais, à l’Observatory Hill. Sur cette colline, sacrée pour les bouddhistes et les hindouistes, se dressait autrefois le Dorje Ling, le gompa (monastère) qui a donné son nom à la ville. On y vient encore pour vénérer Mahakala, redoutable personnification d’une forme de Shiva convertie au bouddhisme. De très nombreux drapeaux aux couleurs vives et des cloches de prières égayent le sommet aujourd’hui plongé dans la brume.

Des singes font des acrobaties autour de nous et on est attentif car il paraît qu’ils ont une fâcheuse tendance à chaparder.

Nous redescendons puis prenons la direction du Bhutia Busty Gompa, qu’on galère un peu à trouver. Autrefois bâti sur l’Observatory Hill, il a été déplacé et rebâti plus bas dans la ville, à son emplacement actuel.

Dans ce petit temple bouddhiste, un vieux monsieur adorable, anciennement moine, nous explique tout un tas de choses et nous fait poser devant les portes du temple pour qu’on se prenne en photo.

Il nous demande ensuite où nous allons et nous indique un raccourci vers le centre d’entraide des réfugiés tibétains où l’on souhaite se rendre. Nous sommes sceptiques au début mais finalement il nous évite de monter et redescendre par la route.

Dans ce centre créé en 1959 les réfugiés venus du Tibet fabriquent dans des ateliers d’artisanat des drapeaux, tapis, sculptures, articles en laine qui sont ensuite vendus sur place. On y trouve aussi une école, un monastère, une clinique… etc.

Une exposition de photos nous éclaire sur le sort subit par les tibétains, stérilisation forcée des femmes, assassinats, destruction des lieux de culte et même enlèvement d’un enfant de 6 ans reconnu par le Dalaï Lama comme étant le 11e Panchen Lama et de sa famille, faisant ainsi de lui le plus jeune prisonnier politique au monde.

Rencontre en remontant du centre pour les réfugiés tibétains

Tout ce que nous venons d’apprendre nous secoue et alimente longuement la conversation tandis que nous remontons vers le centre de la ville puis vers notre hôtel. Nous mangeons vers 15h puis allons faire faire nos permis pour entrer au Sikkim et l’on doit pour cela retraverser la ville et redescendre presque jusqu’en bas.

Ce soir, on n’a pas très chaud dans notre piaule où le froid et le vent s’engouffre par plusieurs failles ou interstices et se laver relève du défi…

Mercredi 18 avril. Nous nous rendons ce matin à l’Himalayan Moutaineering institute, institut d’alpinisme himalayen où nous découvrons la statue de Tenzing Norgay, célébre alpiniste sherpa népalais ayant accompagné Edmund Hillary lors de la première ascension de l’Everest en 1953 et qui passa la majeure partie de sa vie ici à Darjeeling (et dirigea même longtemps l’institut). On visite aussi le musée de l’Everest qui nous fascine littéralement. Mais l’entrée dans l’institut inclut également l’entrée au zoo dont nous faisons donc le tour malgré notre habituelle réticence à visiter ce genre d’endroit. On s’apitoie devant ces pauvres animaux enfermés dans des espaces réduits et on comprend mieux d’où vient l’expression « tourner comme un fauve en cage » ; c’est cependant le seul endroit où nous verrons des pandas roux.

Nous descendons ensuite vers la Happy Valley Tea Estate et quand je dis descendons c’est à nouveau bien en dessous du niveau de la ville. Là nous espérons visiter l’usine et voir les différentes étapes de traitement du thé mais la visite est express et on nous laisse tout juste le temps de prendre une ou deux photos. Les plantations de thé tout autour de Darjeeling sont immenses et les employés sont envoyés plus ou moins loin au moment de la cueillette en fonction de leur âge et de leur état de santé.

Il nous faut alors gravir à nouveau une pente abrupte pour regagner le centre ville où nous trainons un moment dans la grande librairie pour consulter les livres mais aussi des cartes du coin. Nous passons ensuite dans la boutique voisine, pour goûter et acheter du thé local (amer et puissant).

Pour manger c’est dans la rue que nous trouvons notre bonheur en nous arrêtant dans l’après-midi à un stand de rue où une dame rigolote et sympathique nous cuisine des pâtes et des momos (raviolis népalais aux légumes le plus souvent).

Pendant qu’Hervé écrit ses cartes postales, je passe la fin de l’après-midi à essayer de poster sur le blog mais les fréquentes et semble-t-il habituelles coupures de courant me compliquent la tache.

En redescendant sur la place centrale, plus tard, nous trouvons un attroupement devant un magasin où se tiennent plusieurs militaires. La foule semble attendre un événement qui ne vient pas ou alors y a t-il eu un vol? On apprendra par la suite qu’une star indienne de la télé ou du cinéma (?) était là…

Jeudi 19 avril. Après un bon petit déjeuner et avoir récupéré notre linge à la laverie, nous trouvons à la fourmillante gare routière une jeep pour Jorethang. Pendant l’attente qui précède le départ, nous rencontrons un jeune homme aux longs cheveux raides et bruns. C’est un guide de montagne qui souhaiterait qu’on l’engage pour nous accompagner sur le trek qu’on envisage de faire de Yuksom à Dzongri et Goecha La et pour lequel un guide est obligatoire. Après négociations, on arrive avec lui à s’accorder pour un prix de 20 dollars par jour et par personne. En y réfléchissant bien, cela nous paraît encore cher d’autant que nous ne sommes pas sur de vouloir faire ce trek parce qu’il s’agit d’un aller et retour et que la météo est très incertaine. Nous prenons donc sa carte et lui promettons de l’appeler si on choisit cet itinéraire. La petite ville de Jorethang n’est située qu’à moins de 30 km de Darjeeling mais nous mettons environ deux heures pour nous y rendre, cela laisse parfaitement imaginer l’état de la piste sinueuse que nous empruntons.

Il est midi quand nous arrivons à Jorethang où nous dégotons rapidement une deuxième jeep pour Pelling avec un départ annoncé à 13h. En attendant, nous allons boire un coca dans un boui-boui en face de la gare routière. Dans la petite salle très sombre, toutes les tables sont vides et les quelques personnes qui y travaillent semblent surprises de nous voir entrer ; on nous sert avec beaucoup de réserve.

À 13h nous retournons à la gare routière mais comme la jeep n’est pas complète nous devons attendre. Une heure s’écoule… Un couple indien un peu BCBG nous propose de nous cotiser pour acheter les places vacantes et partir enfin. Nous ne sommes pas très pressés et avons un budget à tenir, donc nous ne sommes pas très chauds. Hervé se rend au bureau de vente des tickets pour avoir de nouvelles informations et on lui apprend que 4 personnes en provenance de Siliguri doivent nous rejoindre et que nous pourrons alors démarrer, ceci dans maximum 50 minutes. Il déclenche ostensiblement son chrono et profite de cette attente pour aller à la recherche de quelques momos et samossas. Mais à son retour, une dizaine de minutes plus tard nous sommes déjà prêts à partir puisque 2 autres personnes sont arrivées dont une très jeune fille. C’est ce moment que choisit la jeune femme du couple bourgeois pour faire un scandale, elle ne veut pas de la jeune fille à côté d’elle. Ils ont apparemment payés leur place au prix fort (le double) pour ne pas être serrés dans le véhicule. On ne comprend pas tout mais la jeune fille est obligé de monter à l’arrière, coincée entre les bagages et un monsieur imposant. Le couple pousse une grosse gueulante et le chauffeur est bien embêté, on ne comprend pas tout. L’adolescente à l’arrière se met à pleurer, nous sommes très mal à l’aise et impuissants.

On arrive enfin à Pelling vers 16h, juste à temps pour trouver une chambre à l’hôtel Garuda et aller boire une bière pour l’anniversaire d’Hervé dont c’est les 35 ans aujourd’hui.

Joyeux anniversaire !!!

Pelling se résume à une enfilade de 2 km d’hôtels touristiques et une jolie vue sur le Khangchendzonga (souvent dans les nuages quand même à cette période…)

Le soir, dans la salle de restaurant de l’hôtel nous rencontrons Michel, un homme retraité de 80 ans qui voyage avec son fils dentiste (déjà au lit car il est malade) et Bruno, qui a déjà de nombreux voyages en Inde à son actif. On discute une bonne partie de la soirée en mangeant et en buvant quelques bières.

Vendredi 20 avril. Ce matin, une petite ascension nous amène à Sangachoeling Gompa, deuxième plus ancien monastère du Sikkim, au sommet d’une crête.

Par chance le temps est gris mais pas trop brumeux ce matin et la vue sur les alentours est impressionnante. Un chien nous a suivi depuis l’héliport, juste au dessus de Pelling, jusqu’au monastère et ne nous lâche plus.

Nous rencontrons des enfants qui sont placés dans ce monastère pour étudier et Hervé essaie de leur apprendre à siffler avec une herbe. Ils sont adorables et très dégourdis, certains y arrivent presque du premier coup.

Après le repas de midi, assez décevant, au Kabur, Hervé part courir et reconnaître le début du chemin pour la rando de demain, de mon côté je passe l’après-midi à écrire et charger des photos sur le net en observant les allées et venues des enfants de l’hôtel qui s’amusent entre 2 tâches que leurs parents leurs confient.

Au retour d’Hervé vers 18h, la pluie commence à tomber et l’orage fait sauter l’électricité. Nous mangeons à nouveau avec Michel, son fils et Bruno. Pendant la nuit, une détonation puissante du tonnerre nous réveille et la pluie tombe sans discontinuer.

Samedi 21 avril. Réveil difficile vers 7h ; on avait perdu l’habitude de mettre un réveil. Après le petit déjeuner qu’on prend à l’hôtel, on se décide enfin à réserver nos billets d’Eurostar pour le retour en France (dur rappel de la réalité). Après avoir galèré à remplir tous les formulaires, on se rend compte que le paiement est impossible, en tout cas depuis cet ordinateur. Nous faisons donc nos sacs (mais laissons une partie de nos affaires ici), payons l’hôtel et passons au cybercafé pour réessayer. Même combat et mêmes résultats…

Bilan de l’opération, nous commençons de marcher seulement à 11h.

La première partie de l’itinéraire se compose d’une longue descente de plus d’une heure jusqu’à la rivière en fond de vallée. Le sentier mouillé est très glissant mais la vue sur la vallée et les terrasses est superbe.

La montée sur l’autre versant après avoir traversé la rivière est très raide. Aux deux tiers de la montée environ nous nous arrêtons pour manger les quelques momos que nous avons achetés avant de quitter Pelling. On sent bien que déjà la pluie n’est plus très loin… À 14h15 nous repartons et à 14h17 on transpire à nouveau à grosses gouttes…

Au terme de la montée, nous arrivons au village de Méli où nous prenons une piste qui rejoint la route de Khecheopalri Lake. Nous prenons, grâce à des ados que nous croisons sur la route, des raccourcis par les chemins pour éviter les lacets de la piste mais à notre grande surprise il reste encore 8 km de route asphaltée à parcourir avant d’arriver à Khecheopalri Lake. Nous marchons en râlant un peu car la route n’est pas le terrain qu’on préfère.

Quelques gouttes se mettent à tomber, puis beaucoup plus… le tonnerre gronde de plus en plus fort et on sent le déluge qui approche. Un premier 4×4 nous double et ne ralentit pas malgré les signes que nous lui adressons. Un deuxième véhicule arrive quelques minutes plus tard en face de nous. C’est un taxi et on lui fait signe en croisant les doigts pour qu’il accepte de faire demi-tour. Il s’arrête, c’est une chance, mais nous demande 800 roupies pour monter à Khecheopalri Lake ! On réussit à faire descendre la prix à 250 roupies (ce qui reste très bien payé, mais on n’a guère le choix !). Quand nous arrivons au village, ce sont des trombes d’eau qui s’abattent sur nous.

On se réfugie dans l’entrée d’une petite bicoque qui ressemble à un mélange de bar clandestin et d’épicerie et où on nous indique une guesthouse bon marché à proximité. En fait de guesthouse il s’agit d’un grand bâtiment en béton ouvert de part et d’autre et où circule par conséquent dans le couloir un courant d’air glacial. Le long de ce couloir, quelques chambres simples, propres et sans chichi et au bout une salle de bain ; pas d’électricité, un seau d’eau chaude pour deux…

Nous sommes seuls ici, il paraît que les quelques autres touristes sont dans un home stay (chambre chez l’habitant) plus sympa mais plus haut, au dessus du village et vus les litres de flotte qui tombent, on décide de rester ici.

Nous mangeons la « spécialité » du coin : soupe déshydratée Maggi… mais Hervé n’est pas rassasié et nous faisons un arrêt dans un deuxième « restaurant » pour qu’il s’envoie une assiette de pâtes supplémentaire.

Dimanche 22 avril. Sous le grand soleil qui brille ce matin tout est différent et on apprécie de prendre notre petit-déjeuner, roboratif, dehors, devant un petit boui-boui. Puis nous nous rendons au fameux lac Khecheopalri situé à quelques centaines de mètres du village et auquel on accède par un chemin ombragé.

Ce lac sacré est révéré par les bouddhistes du Sikkim. La jetée est bordée de nombreux moulins à prières et aux vieux drapeaux de prières décolorés s’ajoutent les nouveaux aux couleurs vives. L’endroit est calme, dans un écrin de verdure endormie.

La véritable journée de marche commence à 9h et demie. Encore une belle descente glissante puis une portion de route.

On sait qu’il y a des raccourcis à prendre, des chemins qui coupent un peu la route ; on a dû rater le premier et on marche donc plus longtemps que prévu sur le goudron.

Le deuxième raccourci nous brûle les cuisses car il monte par un joli chemin empierré tout droit dans la pente entre des habitations. Quand on retombe sur la route il ne nous reste plus qu’un petit kilomètre pour rejoindre Yuksom où nous sommes bien contents d’arriver.

On trouve très vite une guesthouse où poser nos affaires (Wild orchid) ; ici aussi la salle de bain est commune, l’eau chaude fournie dans un seau et la bougie de rigueur dès que l’électricité saute (ce qui est très fréquent). On passe un bon moment à discuter avec Baptiste, jeune voyageur français qui bouquine en profitant des derniers rayons de soleil devant la guesthouse.

La guesthouse Wild Orchid

Après avoir à nouveau essayé de régler le problème des réservations de train sur l’un des deux ordinateurs du cybercafé nous partons faire le tour du village. C’est un bled agréable, qui fut un temps capitale du Sikkim, et pas encore trop envahi par les constructions hôtelières malgré le nombre important de touristes ; c’est en effet le point de départ du trek vers le Khangchendzonga (je répète pour ceux qui ont zappé : 3ème sommet le plus haut du monde).

Après le repas du soir on se rend compte qu’on a quitté la civilisation sans avoir retiré d’argent liquide et qu’on risque d’être à court. On a beau compter et recompter, il nous faudrait repartir demain alors qu’on a prévu de rester une journée tranquille ici. heureusement tout est possible à Yuksom ! On opte donc pour la possibilité de faire changer quelques uns des dollars qu’on avait prévus pour le passage de la frontière Indo-népalaise, en roupies. On va y perdre un peu mais on préfère prendre notre temps.

Lundi 23 avril. Petit-déj au Gupta qui est devenu notre cantine. Puis nous montons au monastère Dubdi, installé dans de beaux jardins, haut dessus de Yuksom ; il nous faut 40 bonnes minutes d’efforts sur un chemin bien pentu dans la forêt pour nous y rendre. Datant de 1701, ce monastère serait le plus ancien de du Sikkim et il est d’ailleurs en plein ravalement de façade. De là nous jouissons encore une fois d’un très belle vue.

Un monsieur qui semble être le gardien nous ouvre la porte de ce joli monastère dans lequel nous découvrons de délicates sculptures en beurre de Yak ; dans cette tradition ancienne de la culture tibétaine, les sculptures sont faites à partir de beurre et de pigments minéraux et représentent des divinités, des animaux et des motifs bouddhistes.

Deux bébés chats semblent résider ici. Nous passons un long moment à les observer puis à jouer avec eux.

Nous redescendons au village, mangeons un morceau puis allons nous promener jusqu’au Parc Norbugang qui abrite une maison de prières, un grand moulin à prières, une stupa et le trône de couronnement de Norbugang supposé être d’origine.

Des enfants qui ramassent des feuilles dans le parc nous font des grimaces pour qu’on les prenne en photo et rigolent comme des bossus.

Nous rentrons faire une petite sieste puis allons ensuite faire changer nos dollars en roupies.

Un gompa à Yuksom

On termine la soirée à la « cantine » où Bruno, rencontré à Pelling, nous rejoint.

Une nouvelle coupure d’électricité nous oblige ce soir à faire nos bagages à la lueur de la bougie.

Mardi 24 avril. Ce matin, belle performance, nous partons à l’heure que nous avons prévue, nous quittons Yuksom à 7h30… La première partie du chemin est ombragée et agréable ; nous croisons des enfants qui se rendent à l’école et nous saluent toujours.

Nous arrivons au vieux Monastère Hongri très bien situé en haut d’une butte et que l’on trouve vraiment magnifique mais toute une partie est écroulée… quel dommage! Les petits moines sont par conséquent relégués dans des petits bâtiments d’appoint en bois.

Le chemin redescend ensuite de l’autre côté puis remonte et nous arrivons sans trop de difficultés mais sous un soleil fort au monastère de Silnon où nous nous arrêtons pour casser la croute et nous reposer un peu.

Dans la « cour » derrière le monastère, de petits moines de tous âges jouent au criquet et on remarque que leur professeur veille à n’en laisser aucun sur la touche. Ce dernier nous indique le chemin à prendre pour descendre jusqu’à Tashiding, point prévue de notre arrivée aujourd’hui. La descente est longue et difficile. Nous croisons à nouveau plusieurs enfants en arrivant dans le village.

On se pose au Blue Bird pour boire un coup et on remarque la présence d’une grosse blatte au milieu des bouteilles et paquets de gâteaux dans la vitrine du petit placard à côté de nous… beurk. On restera cependant dans cet établissement pour y passer la nuit car on ne trouve pas grand chose d’autre. C’est vraiment rustique et sale mais la cuisine est bonne et le patron très gentil.

Les toilettes de la guesthouse

On passe une fin de journée tranquille, mais je suis bien malheureuse depuis que j’ai terminé mon livre.

Je remonte alors vers le haut du village et rapidement des gamins m’entourent et réclament des photos… ça c’est vraiment le top en Inde, pas besoin de demander, c’est les gens qui viennent vers moi…

Mercredi 25 avril. Vers 8h, après une demi-heure d’attente environ, nous prenons la première jeep que nous trouvons pour Pelling. Nous mettons deux bonnes heures pour parcourir les quelques 40 kilomètres, serrés comme des sardines à l’arrière de la jeep.

À Pelling nous récupérons nos sacs à l’hôtel et retrouvons tout de suite une jeep pour Geysing, la ville située 20 minutes plus bas. Là, après avoir avalé en catastrophe quelques samossas nous prenons une nouvelle jeep vers Jorethang. Le chauffeur nous paraît totalement possédé avec une conduite effroyable. Il fait aussi des gestes bizarres mais nous emmène à bon port en un peu plus de 2 heures. À Jorethang on choisit que la journée est de toute façon consacrée aux déplacements et on enchaîne avec une jeep qui nous conduit à Siliguri, par 3 heures de routes terribles et sinueuses (les dents serrées…)

On arrive vers 16h30 à Siliguri, complètement lessivés mais vivants… On retrouve l’effervescence de la ville et la chaleur intense. On retrouve aussi ici l’Inde telle qu’on l’avait découverte, avec ses klaxons, ses rickshaws, sa poussière, ses mouches, ses regards insistants…

Le Taj Hotel, miteux mais convenable nous accueille. Après une grosse lessive, un coup d’oeil à internet et, meilleur moment de la journée!, une douche vaguement fraîche puisqu’il fait si chaud qu’il n’y a pas d’eau froide dans les tuyaux, nous partons manger et tombons dans un restau sordide et sombre mais qui se veut moderne, où nous sommes seuls mais d’où on n’ose pas partir et où on nous fait attendre une heure pour nous servir… La prochaine fois on mangera dans la rue !

Jeudi 26 avril. Après avoir galéré un peu pour trouver un petit-déj digne de ce nom (je veux dire par là que je n’avais pas envie de manger encore des samossas le matin…) nous trouvons avec l’aide de plusieurs personnes rencontrées dans la rue un bus pour Panitanki, ville à la frontière indo-népalaise. Dans ce bus nous sommes contraints de payer 4 places au lieu de 2 à cause de nos sacs à dos, alors même que le jeune homme qui vend les tickets a refusé de nous laisser le temps de les mettre sur le toit. On râle et les gens autour de nous prennent notre défense… mais au final nous payons quand même. Je fais connaissance avec ma voisine de siège, Naundini, qui vient du district de Darjeeling et accompagne sa grand-mère au Népal. Le bas de son visage, à partir de la lèvre inférieure est cachée par une épaisse écharpe noire (pourtant il fait si chaud qu’on supporte mal nos tee-shirts) qu’elle maintient avec attention, tout comme ses longs cheveux noirs, derrière lesquels elle se cache. Mais j’ai reconnu la surface contractée d’une cicatrice de brûlure… Son oreille gauche a disparu et son bras et sa main gauches sont touchés également. Elle est la première à prendre notre défense et nous conseille gentiment quand nous descendons du bus, d’être prudents et de prendre soin de nous.

Là nous résistons à la pression des rickshaws et des cyclo-pousses et rejoignons en moins de 5 minutes le poste de frontière pour la sortie de l’Inde où l’on effectue les formalités. Nous empruntons ensuite le pont qui relie Panitanki (en Inde) à Kakarbhitta (au Népal).

Mais sur ce pont, il y a un attroupement et le ton monte, un camion portant des espèces de noix (un peu comme de la noix de muscade) semble avoir renversé son chargement. Des militaires armés arrivent ; nous, on essaie de passer aussi rapidement que possible car la tension monte sérieusement. Du côté népalais, les soldats arrêtent même les rickshaws et les véhicules, probablement en attendant que le bouchon et les tensions au milieu du pont se dissipent… Pendant quelques instants la frontière est fermée, heureusement nous sommes déjà passés! Bienvenue au Népal…

10 réflexions au sujet de « Darjeeling et Sikkim »

  1. E N F I N la suite et … E N F I N des photos d’Anna !!!
    merci d’avoir continué votre récit qui reste palpitant malgré votre retour parmi nous ; à Hervé de terminer votre roman avec le Népal ???
    bises toutes proches
    jean-marie

  2. Coucou,

    Ben deja c’est cool de savoir que vous etes bien rentres.
    Il y a bientot un an, nous etions aux VVF des Estables et Herve nous parlait des preparatif…

    Alors j’ai une question pour Herve: alors le GPS a-t-il fonctionne ?

  3. voilà plus de 2 mois que vous êtes rentrés et plus d’un mois que nous attendons la suite de votre périple …
    nous voulons absolument connaitre la fin
    allez, un petit effort, siouplè
    bises
    jmz

  4. maintenant ça fait plus de TROIS MOIS que vous êtes rentrés et DEUX MOIS sans aucun signe de vie alors que la foule attend impatiemment le récit de la fin de votre voyage et des photos du Népal ; je vous propose donc une bouteille de Gewurz 2009, médaille d’Or pour vous aider à vous replonger dans votre blog exceptionnellement bien fait mais qui ne demande qu’une belle conclusion ;
    que les autres aficionados fassent monter les enchères !
    jean-marie

  5. eh oui, un mois de plus de silence et toujours rien sur le Népal …
    mais là, avec l’automne bien installé et l’hiver qui arrive bientôt, on est en droit d’espérer … un petit effort,voyons !
    bises
    jmz

  6. alors voilà, nous y sommes : SIX mois depuis votre retour
    et toujours rien sur la fin de votre super voyage, sur ce pays magnifique qu’est le Népal …
    mais je ne désespère pas : Hervé était prêt à s’y mettre pour donner l’exemple
    mais vu la belle neige qui est tombée, il devrait avoir du boulot sous peu

    et de source bien informée, Anna aurait repris la plume !!! donc, tous les espoirs sont permis, un peu de patience voyons !
    courage
    jean-marie

  7. même au fin fond du Pérou, je constate un mois supplémentaire de silence
    les espoirs de reprise que je nourrissais il y a un mois n’ont pas eu de suite
    mes infos que je tenais pourtant de source sûre ce sont révélées éronnées
    j’en suis le premier désolé et profondément déçu
    que faire ?
    jean-marie

  8. je vais passer pour un vieux con qui radote mais là, ça fait HUIT mois qu’on attend … montrez-nous au moins les photos, en attendant de pondre le texte, ce sera toujours ça, non ?
    bises
    jmz

  9. et de NEUF ! neuf mois que vous êtes revenus et que nous attendons la fin du récit de votre virée … vous auriez déjà pu nous faire un petit pendant tout ce temps, histoire que Malo se sente moins seul dans le quartier ! le printemps approche avec le boulot au potager et le grand chantier, donc plus d’espoir pour le blog … snif, vraiment dommage
    bises tdm
    jean-marie

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