Chiang Mai et alentours

Mardi 21 février. Aujourd’hui c’est le grand départ pour notre « chevauchée fantastique » ! Après un bon petit-déjeuner à l’auberge, nous récupérons notre fidèle destrier chez Tony. Ce dernier nous conseille d’alléger notre sac donc nous laissons encore quelques affaires chez lui, cela dit il aimerait bien nous fourguer une deuxième bécane.

La sortie de la ville se fait sans trop d’encombres, mais je ne suis pas trop rassurée : la circulation est dense et le code de la route semble être pour les Thaïlandais une vaste fumisterie !  Au bout d’une heure environ, sur la route 108, il nous faut déjà faire une pause car nous avons les fesses endolories… Un petit café soluble dans un semblant de bar/resto au bord de la route et on est reparti. Nous voulons aujourd’hui commencer par le parc national du Doi Inthanon, où se trouve le plus haut sommet du pays, à 2590m.

Au moment d’attaquer la montée, sur une route plongée sous un manteau végétal, on se rend compte qu’il nous faudra être patient car la bécane n’est pas bien puissante et on pèse lourd… On dirait d’ailleurs des crapauds sur une boîte d’allumettes.

Nous mangeons près d’une cascade où des gouttelettes d’eau s’élèvent dans l’air et nous rafraîchissent un peu. Puis nous repartons pour la grande ascension.

Quand, après de nombreux virages, nous arrivons enfin en haut nous sommes gelés. On est obligés d’enfiler une polaire. On se réchauffe avec un petit thé en discutant météo avec la dame qui nous l’a vendu et qui se plaint du froid. Nous terminons l’ascension par une petite marche au sommet de laquelle se trouve un monument religieux devant lequel les gens se prosternent et prient. Un homme d’un petit groupe que l’on croise s’approche d’Hervé et lui caresse le bras. On ne comprend pas son geste. Puis un peu plus loin des gens se font prendre en photos à côté de nous… bon, ce doit être parce qu’on est les seuls européens. Peu après un autre homme s’approche d’Hervé et avec un sourire lui demande si son torse est comme ses bras. Là tout s’éclaire, c’est la pilosité d’Hervé qui les intrigue (mais non pas la mienne, je vous entends bande de mauvaises langues !!). Par contre, on s’attendait à ce que la vue soit impressionnante d’ici, mais en vérité une espèce de brume assez épaisse couvre les alentours et ne nous permet pas de voir aussi loin qu’on l’espérait. On soupçonne que cette brume est liée aux cultures sur brûlis et à « l’écobuage », en effet en de nombreux endroits les terrains, en particulier les sous-bois, sont nettoyés par le feu.

On reprend donc la route, dans le sens de la descente et on s’arrête un peu plus bas aux plateformes de 2 stûpas, pas très beaux, où la vue panoramique est sensée être incroyable. Encore une fois elle le serait surement sans cette brume épaisse posée comme un drap opaque sur la région.

En fin de descente après avoir pris de l’essence dans un village minuscule nous nous arrêtons dans un petit marché en bord de route où on mange des fraises délicieuses.

Nous roulons ensuite jusqu’au village de Mae Chem où nous trouvons la guesthouse conseillée par le routard, Pongsara Resort, un ensemble de petits bungalows parfois jouxtés par une petite étendue d’eau. Le nôtre possède une petite salle de bain et un grand lit…

Nous quittons cependant rapidement le bungalow pour rejoindre le cœur du village où l’on trouve un petit stand avec quelques tables et chaises et un couple qui cuisine. Elle se tient devant un braseiro sur lequel des échalotes sont en train de frire pendant qu’il prépare des poissons. Outre le groupe de musique qui s’exerce sans grand succès juste à côté, la télé est allumée et diffuse des séries thaïlandaises à l’eau de rose. Ils ont l’air un peu surpris de nous voir nous installer. 

On nous sert des bières locales et l’homme trinque avec nous. Comme on hésite en regardant la carte, la femme nous fait gouter un peu d’un plat, puis des petits graillons de porc (du moins, on pense), et enfin des sortes de haricots sucrés contenant de grosses graines dures comme de la pierre (on apprendra par la suite qu’il s’agit de tamarins); ces gens sont très sympathiques et souriants et quand on réussit enfin à se décider pour commander, on se rend compte qu’en plus leur cuisine est très réussie. Nous communiquons par un mélange de thaï, d’anglais, de signes et de grimaces et on rigole beaucoup… Bref, on passe un très bon moment chez eux puis on se décide enfin à rentrer se coucher dans notre beau bungalow.

Mercredi 22 février. Au petit déjeuner ce matin, on a quelques difficultés à se faire comprendre, mais avec patience et quelques signes on finit par y arriver. On enfourche ensuite le deux-roues et on repart sur une route qui nous rappelle un peu les montagnes russes mais où la beauté des paysages et la liberté de locomotion nous font oublier l’inconfort de ce moyen de transport. Nous avons l’intention de rejoindre aujourd’hui Mae Hong Son, à près de 160km. Je ne peux m’empêcher de penser à Ernesto Guevara et Alberto Granado sur la « poderosa » (la vigoureuse) traversant cependant un continent bien différent…

Nous ne croisons que 2 motos de touristes comme nous. Près de Khun Yuam nous devons refaire le plein mais les deux stations sur notre route, 2 bicoques en fait, sont privées d’électricité et ne peuvent nous servir. Nous devons donc faire un détour par la ville pour trouver une autre station essence.

Les derniers 60 km avant Mae Hong Son nous paraissent très longs et on a bien mal aux fesses, alors on fait des pauses régulièrement mais on se dit aussi qu’il nous faudra prévoir des journées plus courtes sur les routes à l’avenir.

En arrivant enfin à l’adresse des deux Guesthouses que l’on a repérées dans le guide on nous annonce que c’est complet dans l’une et l’autre reste mystérieusement introuvable. On se rabat donc sur une 3ème à côté mais l’endroit ne nous plaît guère. La chambre est miteuse et moisie et relativement chère parce qu’il y a la télé. Le propriétaire, un européen blond décoloré, est désagréable et pas du tout sympathique. Il fume en permanence de gros cigares qui empestent.

Au marché de nuit, nous mangeons un bon Pad Thaï traditionnel assis pieds nus par terre autour d’une table basse près du lac où nous avons une très belle vue sur le temple Chong Kiang tout illuminé.

Malgré la bonne nuit que nous avons passée, au matin de ce jeudi, notre première mission est de changer de logement. En y regardant de plus près on finit par trouver la guesthouse Jong Kam invisible hier. On nous installe dans un petit bungalow abimé mais charmant. On y croise aussi une jeune touriste française qui nous dit avoir beaucoup aimé le village de Rak Thaï où on hésitait à aller, cela nous aide à établir notre itinéraire de la journée. Aujourd’hui nous partirons donc léger, sans sac à dos, ce qui sera bien plus confortable.

Sur la route nous nous arrêtons à plusieurs reprises et dès la sortie de la ville pour observer depuis un pont des gens qui travaillent en contrebas avec des pirogues dans la rivière.

Au deuxième arrêt nous découvrons la cascade de Pha Sua ; dans un des bassins s’ébattent de nombreux poissons.

La route que l’on suit pour atteindre ensuite le village de Rak thaï est pentue et torturée mais les paysages de rizières et de montagnes sont superbes. Rak Thaï est un village chinois en plein sur la frontière birmane. D’après le routard « des partisans de Chiang Kai-shek se réfugièrent ici après leur défaite face aux communistes avant de s’investir largement dans la contrebande de l’opium ». Aujourd’hui, le village est pacifié, d’ailleurs Ban Rak Thaï veut dire « village qui aime les thaïs ».

Organisé autour d’un petit lac et entouré de plantations de thé local, ce joli village est paisible ; nous sommes les seuls touristes. On s’y promène un moment puis on trouve au bord du lac un bel endroit pour manger où il n’y a personne. La carte y est réduite mais on nous sert 2 excellents plats à base de riz et de porc. Puis la dame nous sert du thé dont elle nous fait goûter plusieurs variétés. On le trouve si bon qu’on lui en achète plusieurs paquets, dans la petite boutique attenante au restaurant.

Sur la route qui redescend, nous nous arrêtons au village de Na Pa Paek très authentique aussi où se trouve entre autre un beau temple d’influence birmane.

Fleur du bananier

Nous reprenons ensuite la direction de Mae Hong Son. Un peu moins de 20 kilomètres avant cette dernière nous nous arrêtons à la grotte de Tham Pla ou grotte aux poissons. Dans un petit parc adossé à une falaise karstique, de nombreuses et grasses carpes sacrées grises et bleues se bousculent dans deux bassins où l’on peut les nourrir.

Petit repas au bord du lac, puis retour au bungalow où les grenouilles s’en donnent à cœur joie, ainsi qu’une grosse blatte qui s’enfuit en courant de sous mon sac à dos.

L’endroit où nous prenons nos petits déjeuner ce matin est un peu plus cher que ceux que l’on fréquente d’habitude mais la nourriture est succulente et les produits servis bio et uniquement de provenance locale. De plus, on y trouve de  nombreux livres ou guides à échanger.

Nous passons faire un tour au grand marché puis visitons rapidement deux des temples près du lac.

Ensuite nous reprenons nos affaires et enfourchons le bolide en direction du village de Soppong.

Quelques kilomètres avant Soppong nous bifurquons vers la gauche. Nous faisons escale dans un joli village lahu (tribu d’origine sino-tibétaine) nommé Jabo et situé au pied de promontoires rocheux et buvons un coup dans une gargote où on nous apprend que pour le nouvel an (le calendrier est en effet différent du nôtre) il y aura ce soir une fête et qu’on dansera ici-même… Des enfants courent dans la rue et de vieilles femmes s’activent dans le bâtiment en face du notre. On sent une agitation grandissante s’installer.

Fruits du Jacquier

Mais nous reprenons la route car nous voulons descendre dans la cuvette qui jouxte ce village pour découvrir celui de Mae Lana, niché au milieu de rizières au pied des falaises. Cet endroit paisible nous charme aussitôt. Nous trouvons Le Maelana Garden Home, chez Ampha, petite bonne femme dynamique et volontaire. C’est une petite guesthouse en court d’extension avec des bungalows en bois et des cabanes un peu plus grandes en torchis avec un toit de feuilles sèches, les mêmes qui craquent bruyamment quand on marche dessus au pied d’un arbre.

À table c’est un régal, Ampha ne sert que sa production, tous les légumes viennent du jardin. Après une courte sieste nous partons nous promener dans les rizières où Hervé espère trouver le chemin qui mène aux grottes, mais en vain. Nous retournons donc au village à l’heure de la sortie de l’école.

Le ciel est ici aussi grisé par cette brume dont on ne sait si elle est liée seulement à la chaleur où aussi à la fumée des brûlis.

Avant de retourner à la guesthouse nous essayons de trouver les grottes en passant par la route (qui monte sévèrement) mais à nouveau sans succès.

La soirée est tranquille, nous sommes les seuls occupants de la guesthouse et on n’entend plus que les grenouilles et les grillons. Les sens toujours en éveil mais l’esprit apaisé… on se sent bien ici.

Samedi 25 février. Reprenons la route vers Paï en passant par Soppong où l’on s’arrête brièvement pour faire le plein d’essence. À Paï, petit café, repas décevant et coup de fil à Tony pour le prévenir qu’on garde sa bécane une journée de plus.

Paï est très touristique mais son centre est quand même sympathique avec de jolies guesthouses et des bar/resto qui donnent envie de traîner. Nous nous rendons aux chutes de Mo Paeng, à 9km au nord de Paï.

Quand nous traversons le village chinois juste avant d’y arriver puis une autre fois au moment de quitter le site des chutes d’eau (pas spectaculaires mais jolies), des femmes nous font des signes avec 2 doigts devant la bouche, comme pour mimer l’acte de fumer. On ne sait pas bien ce qu’elles veulent, des cigarettes peut-être. Puis en réfléchissant bien et en se rappelant l’endroit où on se trouve on se dit qu’elles nous proposent certainement de fumer, et probablement pas des cigarettes…

De retour à Paï, nous montons au Chedi Phra mae Yen d’où la vue est soi-disant magnifique mais la brume nous gâche encore une fois le panorama.

Nous quittons Paï par une jolie route où nous croisons des éléphants mais pas de tout repos.

On dit que la route entre Mae Hong Son et Chiang Maï npar Paï compte 250km et 1864 virages. Il semble que ces informations soient justes. Nous passons un petit col et espérons trouver un logement de l’autre côté mais tout semble à l’abandon ou alors ce sont des logements très luxueux où certains se réfugient pour faire de la méditation. Finalement nous trouvons une sorte d’hôtel au bord de la route qui semble tout neuf mais donc les murs épais comme du papier à cigarette ne montent pas jusqu’au plafond. Ça nous convient, de toute façon nos fesses meurtries refusent d’aller plus loin. Nous mangeons dans le boui-boui d’en face, de l’autre côté de la route, de la soupe de noodles et des œufs reconstitués dans la coquille (bizarres mais assez bons).

Au matin de ce dimanche, on ne trouve rien de mieux que partir le ventre vide. Et comme pour l’hébergement hier on a du mal à trouver à manger ce matin. C’est donc un peu ronchons que nous faisons les kilomètres qui nous séparent de Mae Rim où l’on prend enfin un petit déjeuner dans ce qui ressemble à un resto d’aire d’autoroute. Nous allons ensuite visiter une ferme aux orchidées (Mae Sa Orchids Farm) ; rien de transcendant en soi mais les différentes espèces et surtout leur multitude nous fascinent. La seule chose qui me contrarie est la présence de chats rachitiques et aux yeux larmoyant, notamment 5 bébés, dans des cages comme celles de la spa. Que font-ils là ?

Nous arrivons à Chiang Maï dans un flot ininterrompu de véhicules ronflant ou klaxonnant. La guesthouse Diva est complète aussi nous devons chercher un autre hébergement. Ce ne sont pas les guesthouses qui manquent mais beaucoup sont complètes. Nous finissons par trouver une chambre dans une petite rue perpendiculaire.

L’après-midi pendant qu’Hervé part courir je sillonne les rues de Chiang Maï à la recherche d’un cours de cuisine pour demain. Je trouverai le bureau de Thaï Farm dans la partie Nord Est du centre-ville, dans un quartier animé.

Quand le soleil commence à descendre nous quittons Chiang Mai en scooter pour aller le voir se coucher depuis le sommet du Doi Suthep (1676m) qui domine la ville. La brume ne nous laisse apercevoir qu’un disque orangé prêt à disparaître.

Un peu en dessous du sommet se trouve un temple bouddhique habité par des bonzes et des bonzesses (tout de blanc vêtues). On hésite à le visiter car il fait déjà nuit mais comme il reste ouvert jusqu’à 21h et puisqu’on est là… L’endroit est déserté par les visiteurs qui ont tous rejoint la ville, il ne reste que quelques rares personnes. Dans la partie centrale du temple tout est doré. À la lueur des bougies, de nombreuses statues ou statuettes semblent avoir trouvé un repos mérité et des clochettes pendent un peu partout égrenant des tintements musicaux très doux autour de nous. Mais ce qui nous fait sentir presque comme des intrus, retenant notre souffle et marchant sur la pointe des pieds, c’est les prières que psalmodient les moines dans la chapelle. Une atmosphère mystique mais si apaisante règne dans cet endroit que l’on quitte complètement envoûté.

Nous faisons un tour au marché du dimanche avant de rentrer nous coucher, épuisé par cette longue et riche journée.

2 réflexions au sujet de « Chiang Mai et alentours »

  1. Coucou les baroudeurs,comme d’hab vous nous faites réver,vos photos sont toujours autant réussies..J’ai particulièrement aimé celle sur la moto,vous etes mignons ,la classe!!!!Anna ,rapportes moi le secret des orchidées si belles.
    Hervé qu’elle barbe!!!
    Gros bisous.

  2. je ne trouve plus d’adjectifs assez forts pour qualifier vos photos ; vous nous aviez déjà habitués à des paysages époustouflants en Amérique du Sud (Uyuni et Torres del Paine par exemple) et en Nouvelle Zélande mais alors là, vous (Anna certainement) êtes passé au stade supérieur : la poule et ses poussins est un véritable chef d’œuvre, de même que les gamins (celui qui bouffe ses chips sur la plage et l’autre avec ses tongs vertes) ou encore le contre jour avec les bananiers, sans oublier la bouilloire et les godasses … et que dire de l’apprenti ayatollah avec ses éternelles lunettes blanches entrain d’admirer des orchidées ! FELICITATIONS
    je ne me souviens pas si vous aviez l’intention de passer en Birmanie ; ça avait été un des points forts de notre tdm
    bonne continuation
    jean-marie de monnac

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