Torres del Paine et Glacier Perito Moreno

Petit passage précoce au Chili, en plein cœur de la Patagonie chilienne.

Puerto Natales est à l’origine un modeste port de pêche sur les rives du Seno Ùltima Esperanza qui est devenu le point de départ quasi obligatoire des excursions en direction du parc Torres Del Paine  (Los Torres del Paine sont trois montagnes en forme de tours appartenant à une chaîne formée il y a douze millions d’années environ et qui ont donné leur nom au parc. Le plus haut de ces sommets culmine à 2 900 mètres d’altitude). On trouve donc dans cette ville plus d’agences et de magasins d’articles de camping ou de trekking que de boulangeries ou autre boutique classique. Elle est également envahie de touristes, prêts à partir et équipés de chaussures de marche, vêtements en Gore-Tex et sacs remplis de provisions pour leur trek ou, quand ils reviennent, traits tirés et teint révélant la météo, en doudoune et chaussettes de laine dans leurs sandales… (Et nous n’échappons à cette mode qui sévit chez les randonneurs !)

A Puerto Natales, au bord du lac...

Ce samedi 19 novembre, nous trouvons par hasard un petit hôtel, en fait plus une pension familiale. On est accueilli par Chila, petite mamie maitresse des lieux, sympathique et bavarde, qui vit au rez de chaussée avec certains de ses enfants et petits-enfants et qui nous installe à l’étage dans l’unique chambre « matrimoniale » (avec un grand lit). Dès que nous avons posé nos affaires, on se lance dans la préparation de notre trek à Torres del Paine : trouver une carte, faire des courses, réserver le bus pour se rendre au parc (environ 2h de route)…. Pour partir nous laisserons une partie de nos affaires chez Chila qui accepte gentiment de veiller dessus, afin d’alléger nos sacs à dos.

C’est ainsi que dimanche à 8h nous montons dans le bus surchargé qui nous emmène à l’entrée du parc où nous nous délestons à nouveau de 40€ pour les billets d’entrée. Tout est cher ici en Patagonie, mais c’est surtout assez agaçant de toujours devoir payer cher pour se promener dans les parcs ! Les touristes internationaux payent 3 ou 4 fois le prix que payent les argentins.

Le catamaran

Nous avons choisi de faire la randonnée la plus classique, appelée le W, d’Ouest en est. Un catamaran (60€ de plus pour 2 pour 20 minutes de transport…) nous dépose après avoir traversé le lac Pehoé au niveau de l’aire de Paine Grande.

Il est donc environ 13h quand nous commençons à marcher en direction du glacier Grey et du camping gratuit de Los Guardas (ce qui correspond à la branche gauche du W). Nous suivons un sentier assez facile, d’abord au fond d’une vallée où un condor nous accompagne puis nous montons et longeons la lagune Los Patos et plus loin le Lago Grey.

Le rouge vif des fleurs du Notro  explose un peu partout, comme un feu d’artifice sur le vert de la végétation, le turquoise ou le bleu électrique des lacs et le bleu éclatant du ciel.

Quand nous sommes sur l’arrête le long du lac, un vent violent nous fouette la peau et agite la surface des lagunes. A l’abri du vent, le soleil et la marche nous réchauffent rapidement et l’on doit se déshabiller à nouveau.

Où l'on devine le sens du vent

La balade était annoncée au total en 5h30 mais en 4h nous sommes au camping et après nous être installés, nous allons jeter un œil sur le mirador qui donne sur le magnifique glacier Grey : 300 kilomètres carré, 25 kilomètre de long, cette immense langue de glace se jette dans le lac du même nom en formant de grands icebergs bleus qui dérivent sur le lac poussés par les vents.

Le camping est spartiate, de vagues emplacements et une toute petite baraque sale en taule, avec un trou en guise de toilettes.

Le deuxième jour, départ à 8h alors que les autres campeurs semblent encore endormis. On redescend par le même chemin qu’à l’aller. C’est d’ailleurs l’un des inconvénients de cette randonnée qui impose des allers et retours, le deuxième étant sa fréquentation importante (et encore plus importante en haute saison, c’est-à-dire en janvier et février). La beauté de ce parc nous les fait cependant vite oublier.

Un peu avant midi nous sommes de retour au Lac Pehoe, où nous profitons de la présence d’un abri, une petite maisonnette ronde  en bois rattachée au camping, pour cuisiner et manger de fameuses soupes de noodles (de la grande cuisine !!).

Vers 13h nous reprenons la marche en direction du campement italien (au centre du W). Le sentier longe le lac Skottsberg. Il fait un soleil éblouissant qui révèle toute la splendeur de l’endroit. Il nous faut moins de 2h pour rejoindre le camping italien (gratuit lui aussi).

Après avoir monté la tente et installé nos affaires nous nous lavons avec l’eau glacée et d’une couleur turquoise et laiteuse de la rivière qui descend du glacier. Ce soir, une soupe et on se couche tôt car nous voulons partir de bonne heure demain découvrir ce qu’on appelle la « Valle del Francès » et le mirador qui donne sur les tours du parc (La branche du milieu du W).

Le troisième jour nous partons donc à 7h du camping encore endormi, mais en y laissant notre tente et nos sacs à dos puisque nous devrons y passer en redescendant. La Vallée est envahie de brume derrière laquelle se cache un beau soleil.

Après une montée raide le long de la moraine mais rapide car nous sommes légers sans nos sacs, où nous contemplons les glaciers suspendus et les chutes de glace impressionnantes et bruyantes, nous arrivons vers 9h au mirador.

Nous sommes seuls, en contact intime avec l’indomptable. Les tours sont partiellement cachées par la brume qui accepte de se lever de temps en temps pour nous laisser voir ces formations granitiques majestueuses.

Vers 10h nous redescendons car le froid et le vent ont eu raison de notre patience. Sur le chemin nous croisons beaucoup de personnes qui auront sans doute plus de chance que nous puisque la brume s’est levée un peu, mais qui seront bien assez nombreux au mirador.

A midi nous mangeons au camping, puis plions la tente et repartons en direction du camping Los Cuernos que nous rejoignons en une paire d’heures.

Nous sommes toujours dominés par les imposantes formations granitiques mais vers le milieu de l’après-midi, les nuages entourent les sommets et le temps se gâte sévèrement.

Retour en enfance... voici le roi des ricochets!

Tours dans les nuages

Le lac Nordenskjöld

A notre arrivée au refuge de los Cuernos, nous nous installons au camping (payant celui-ci) et le temps de prendre une douche (c’est l’avantage tout de même des campings payants !) la pluie se met à tomber. On se met à l’abri dans la salle commune du refuge, qui remplit là toute sa fonction, et buvons de bonne quantité de thé. La salle est vite remplie de touristes de tous horizons. Nous rencontrons Perrine, une kiné,  et Loïc, un pisteur secouriste, qui nous rappellent  sérieusement un autre pisteur et à sa Perrine (je pense qu’ils se reconnaitront).

La pluie qui continue à tomber nous a tellement refroidis qu’on abandonne notre radinerie d’auvergnats et l’idée de cuisiner dehors (avec notre réchaud), et on s’offre un repas (fort bon qui plus est) au refuge !

Ainsi réchauffés et rassasiés, on file sous notre tente.

Le quatrième jour, mercredi, nous sommes prêts à décoller à 7h. Nous partons sous un léger crachin, en direction de la dernière branche du W. Si le crachin cesse rapidement, nous ne séchons pas pour autant car les herbes et arbustes chargés d’eau trempent nos vêtements.

Le ciel est gris et les montagnes à notre gauche noyées dans la brume, mais nous profitons de la très belle vue sur le lac Nordenskjöld à notre droite. On en profite aussi pour regarder la flore de plus près et on découvre la magnifique Calceolaria Uniflora (Zapato de la Virgen ou soulier de la vierge) qui rappelle un peu le « sabot de vénus ».

Plusieurs gros lapins détalent devant nous, par contre ni cerf ni puma…

El Tero

En 4h, grâce au raccourci qui évite de descendre jusqu’ à l’hôtel Las Torres, nous rejoignons le refuge Chileno.

Il fait moche, les montagnes sont entièrement dans les nuages. Renseignements pris, il semble qu’on ne voit rien plus haut, et la météo sera aussi médiocre voire pire demain. Après avoir longuement hésité, on décide de redescendre plutôt que de continuer l’ascension vers le mirador des tours (en espérant n’avoir pas trop de regrets). Même les guides à qui on demande conseil nous confirment qu’il n’y a pas grand intérêt à monter par ce temps.

On reprend donc immédiatement la descente qui nous permettra de prendre la navette de 14h pour rentrer à Puerto Natales. Nous sommes un peu tristes et frustrés de quitter ce parc incroyable de façon un peu précipitée mais cette fois ci la météo n’est pas avec nous… Dans le minibus qui nous permet de sortir du parc, le chauffeur nous apprend qu’un Puma a été aperçu la veille depuis cette route de retour.

Nous arrivons vers la fin de l’après-midi à Puerto Natales, où nous retournons nous réfugier chez Chila. On y rencontre Jeroen et Joke, deux belges flamands, qui souhaitent partir bientôt faire à leur tour le W. Nous passerons la soirée et une partie de la journée du lendemain avec eux, dans la cuisine de Chila, seule pièce chauffée de la maison par un poêle à gaz qui fait aussi office de cuisinière.

Nous choisissons de passer la journée du lendemain tranquillement à Puerto Natales, entre balades et repos,  avant de reprendre vendredi notre prochaine destination : El Calafate.

Vendredi 25 novembre, au terme de 5h de trajet en bus, nous sommes de retour en Argentine et nous découvrons la ville d’El Calafate. Bordant la rive nord du Lago Argentino, le plus grand et le plus austral des grands lacs de Patagonie argentine, cette ville ne nous laissera pourtant pas de souvenir impérissable… C’est une étape sur la route qui nous mènera à El Chalten et surtout c’est une ville idéalement située pour aller voir le glacier Perito Moreno (à un peu moins de 80 km). En raison de la météo, nous décidons de nous y rendre dimanche.

Ce glacier, un des champs de glace les plus mobiles et les plus accessibles de la planète, mesure 30 km de long, 5 de large et 60m de haut. Sa constante avancée le rend exceptionnel. Il avance de 2m par jour (!) et produit d’énormes icebergs. C’est une expérience tout autant sonore que visuelle, la moindre  chute de glace provoque un bruit qui s’apparente au son du tonnerre et le glacier craque de toutes parts.

De grandes passerelles aménagées en regard de la zone principale de fracture du glacier permettent une observation passive mais fascinante. Nous avons choisi de ne pas faire la balade en bateau qui permet de s’approcher du glacier et d’avoir une vue différente, pour des raisons financières (le bus et l’accès au parc étant déjà onéreux).

Un condor plane au-dessus de nous tandis qu’aux aguets on observe le glacier, attendant comme chaque visiteur le moment où un énorme pan de glace va s’effondrer bruyamment et lourdement dans l’eau glacée du lac.

C’est une expérience incroyable mais dont l’impact sur nous est sans doute un peu diminué par notre récente approche du glacier Grey et des glaciers suspendus de la Vallée des Français à Torres Del Paine.

Nous retournons à El Calafate avec tout de même de très belles images bleues dans les yeux, mais sous la pluie.

Excepté une balade près du Lago Argentino, El Calafate ne présente pas beaucoup d’intérêt à nos yeux, aussi nous la quitterons le mardi (29 novembre) suivant  sans regret et après y avoir perdu un peu de temps (merci la poste, chronopost et les douanes argentines !!!)…

Lago Argentino

Lago Argentino

 

10 réflexions au sujet de « Torres del Paine et Glacier Perito Moreno »

  1. Bon allez, avouez !
    Vous n’avez pas monté ce campement douillet sans un coup de main, hein !?
    Et le nom de ces fleurs exquises… il ne vous a pas traversé l’esprit par le plus simple des hasards.

    Où est planqué Bear Grylls ?

  2. Bon, je crois qu’il est temps que je te révèle une vérité trop longtemps cachée : Bear Grylls, c’est nous qui lui avons tout appris!
    On t’embrasse frangin

    • C’était donc ça !

      Faites-moi le plaisir de ne pas m’embrasser après vous être abrités une nuit entière dans la carcasse d’un chameau crevé ou avoir bu de l’urine d’orang-outan par grande sécheresse… (Quelle classe)

      Bisous à vous deux, amusez-vous bien, et banzaï ;)

  3. Magnifique ! Continuez à nous enchanter avec vos superbes photos. Anna, tes commentaires sont toujours aussi agréables à lire. On s’y croirait…
    Bises de la tribu Ortéga.

  4. Encore un petit coucou pour vous dire que je vous ai piqué une photo (j’espère que vous n’allez pas me réclamer des droits d’auteur…) et je l’ai mise en fond d’écran. Ce qui m’a permis de m’évader de temps en temps dans la journée. Merci!

  5. Toutes ces photos sont vraiment belles ! Bonne continuation de voyage et continuez à nous mettre toutes ces photos et commentaires pour pouvoir vous suivre …. au bout du monde ! Gros bisous de tous les Ortéga

  6. C’est tellement agréable de découvrir tous ces paysages, vos photos sont merveilleuses, on s’y croirait, et la lecture de vos aventures… Un délice !!!
    Continuez à nous faire rêver, nous qui sommes dans le froid et la neige (ça y est !), on en a bien besoin !
    Passez de bonnes fêtes aux bouts du monde !!!!

  7. Dc notre prochaine boulangerie à la monte à Puerto Natales!!
    Ce blog est magnifique il ns fait rêver, il est trés bien fait bonne route à ts les 2, on vs embrasse.
    Pierre, Sylvie, Basile et Zélie.

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