Le petit village d’El Chalten (600 habitants) compte parmi nos favoris. Le tourisme et l’escalade sont presque les seules raisons d’être de ce village en forte croissance qui n’existe que depuis une trentaine d’années.

Nichée à l’entrée d’une vallée idyllique et entourée de sommets légendaires dont le Fitz Roy et le Cerro Torre, pics rocheux parmi les plus difficiles à gravir de la planète et ce en dépit de leur faible altitude (à peine plus de 3000 m), El Chalten est le paradis des randonneurs et des grimpeurs.

Déjà la route provinciale 23 qui longe le lac Viedma en direction d’El Chalten nous a fait de fabuleuses promesses en nous offrant un point de vue magnifique sur la chaîne de sommets entourant notre destination…

Ce qui nous a séduit dans ce village pourtant peu charmant, c’est avant tout sa situation fabuleuse avec vue sur le Fitz Roy et le Cerro Torre quand le temps le permet, sa taille qui permet d’aller d’un bout à l’autre du village facilement et à pied, et enfin l’ambiance chaleureuse et l’esprit de montagne qui y règnent. En effet, ce village est envahi de grimpeurs et de randonneurs, ayant en commun leur amour de la montagne  et des grands espaces…  Ce qu’on a moins aimé en revanche c’est le prix élevé des denrées dans les petits supermarchés, un peu comme dans les stations de ski…

Nous avons décidé de passer quelques jours ici, en alternant randonnées et journées tranquilles au village où nous avons choisi le camping comme mode d’hébergement. Le camping dans lequel nous sommes est rattaché à une auberge de jeunesse, et nous disposons donc d’une pièce pour cuisiner et manger à l’abri des intempéries, et d’eau chaude dans les douches.

La première randonnée nous conduit d’El Chalten à la Laguna de Los Tres. Nous montons d’abord depuis la sortie du village à la Laguna Capri d’où nous entrapercevons le Fitz Roy au milieu des nuages.

On pique-nique au bord de ce petit lac.

Puis nous reprenons la marche sur une zone de plat d’où l’on jouit d’une très belle vue sur les glaciers et les montagnes et qui nous amène au camping Poincenot.

Là nous montons rapidement la tente et laissons nos sacs à dos à l’intérieur. Il ne nous reste que le dernier raidillon à franchir.

Au terme d’un peu moins d’une heure sur un sentier abrupte nous accédons à la laguna de los Tres, gelée et scintillante au pied du Fitz Roy et du glacier de Los Tres.

On comprend ici mieux l’autre nom du Fitz Roy, El Chaltén,  en langue Tehuelche, langue d’Amérindiens de Patagonie. Ce nom de Chaltén pourrait signifier « montagne qui fume », et ferait allusion aux nuages presque toujours accrochés à la cime du Fitz Roy.

Depuis cette laguna nous contournons un promontoire rocheux. Nous avons alors une vue incroyable sur la laguna Sucia d’une couleur indescriptible surplombée par le Glacier Rio Blanco. Là encore l’expérience est sonore tout autant que visuelle…  Chaque morceau de glace qui se détache fait rugir le glacier.

Nous redescendons ensuite tranquillement vers le camping Poincenot. Si le raidillon était coriace à la montée, la descente exige une concentration importante pour éviter tout risque de chute.

La soirée sera courte, après avoir mangé nos habituelles soupes déshydratées nous nous endormons alors qu’il fait encore jour.

Le lendemain nous quittons le camping vers 9h00 et partons vers le Sud, nous longeons les lagunes Madre (Mère) et Hija (Fille) puis traversons une forêt.

En un peu moins de 3h nous atteignons la Laguna Torre dans laquelle se jette le glacier Grande.

Le ciel est assez gris mais on ne se lasse pas de voir dériver les icebergs au grès du vent et d’un faible courant.

Nous mangeons sur la plage de galets de la lagune.

Nous redescendons ensuite vers El Chalten où nous arrivons en milieu d’après-midi. Le chemin traverse une succession de moraines glaciaires marquant les différentes étapes du recul du glacier.

Nous faisons notre troisième randonnée 2 jours plus tard. Elle nous permet d’accéder au bout de 3h de montée dont une ultime partie très raide, au Loma del Pliegue Tumbado d’où on a une vue panoramique sur les environs et notamment sur le très grand et bleu truquoise lac Viedma et  les majestueux mont Fitz Roy et cerro Torre.

Mais un vent fort et froid souffle au sommet, d’ailleurs la végétation révèle bien le climat de cet endroit, et après la suée que nous avons prise en montant, nous nous refroidissons rapidement. On se rhabille le temps de pique-niquer à l’abri de quelques pierres, puis nous prenons le chemin du retour. Hervé profite de la langue de neige pour faire du « ski sans ski » !!

Nous redescendons par le même itinéraire et traversons à nouveau la forêt puis les champs jaunes de pissenlits, en suivant les traces d’un cervidé sur le chemin. On s’extasie à nouveau sur la beauté de cet endroit.

Si on s’est senti aussi bien à El Chalten c’est aussi grâce à nos voisins de tente du camping, d’horizons variés et tous d’une grande gentillesse. Nous avons particulièrement sympathisé avec Amélie et Pierrot, 2 compatriotes, en voyage longue durée en Amérique du Sud et arrivés une journée avant nous à El Chalten.

Nos rythmes similaires (de rando et repos) nous ont permis de passer du temps ensemble en goûtant à tous les types de Quilmes (bières argentines) en bavardant ou en jouant aux cartes avec Steve (anglais) et Tim (hollandais). Nous avons aussi rencontré Vincent qui traverse la Patagonie en vélo, ainsi que Virginie et Sidney à quelques jours, eux, de leur retour. Enfin, nous avons recroisé par hasard Aline et Nico que l’on avait rencontrés à Aguas Calientes au Pérou et avec qui on avait passé une excellente soirée.

Il faut reconnaitre aussi que nous avons eu beaucoup de chance en bénéficiant d’une météo très correcte (très peu de pluie, beaucoup de vent mais aussi beaucoup de soleil et des températures très agréables en journée…) dans une région réputée pour avoir une météo maudite et des journées de grand beau temps qui se comptent sur les doigts des 2 mains.

Ces 6 jours à El Chalten étaient parfaits, entre rando et fous-rires, paysages de rêves et chaleur humaine.

Mais le lundi 5 décembre nous avons dû quitter quand même El Chalten pour remonter la longue Ruta 40, en direction de Bariloche. Deux journées entières de bus, avec une courte nuit de repos dans la ville de Périto Moréno : au total près de 25h de bus… La 2^ème journée a été particulièrement longue ! Quand nous arrivons enfin à Bariloche, nous sommes heureux de ne pas la trouver sous les cendres du Puyehue. Ce  volcan chilien est en effet en éruption depuis le mois de juin, après un sommeil de 51 ans…