Côte Est, Mont Cook, Christchurch…

Vendredi 27 janvier. Nous quittons aujourd’hui Queenstown où, impatients que nous sommes, nous avons ce midi commencé à préparer nos papilles en mangeant sous les ombrelles en papier d’un petit resto thaï.
Nous avions prévu de monter en direction du Mont Cook mais après réflexion nous décidons de changer de plan et nous orientons à la dernière minute vers la côte Est.
La route qui nous mène à Cromwell se faufile dans une gorge entre des montagnes toujours aussi somptueuses, puis nous passons près d’Alexandra et roulons ensuite au milieu de paysages vallonnés fourmillant de moutons adorables à la toison épaisse.


Une des qualités de la Nouvelle Zélande est incontestablement la variété importante de ses paysages, un véritable régal pour les yeux.


Nous nous arrêtons finalement pour dormir sur une aire de repos un peu avant Ranfurly. Comme d’habitude, on mange, on ramasse notre bazar, on se brosse les dents, tout ça… puis on se couche… L’endroit est tout perdu mais il y a quand même une maison pas très loin, et on entend un véhicule qui arrive. Rapidement on se demande comment il se fait qu’on entende si bien les pas qui se rapprochent. D’un mouvement commun on se retourne et on aperçoit juste derrière le van 2 jeunes hommes avec chacun une bouteille sous le bras, passablement éméchés. On a laissé le coffre ouvert !! L’un des 2 semble se prendre pour superman et dit venir nous aider, enfin c’est ce qu’on comprend dans les mots mâchés qu’il débite à toute vitesse. Ça les fait bien rire et je soupçonne qu’ils se moquent un peu de nous, mais bref on rigole avec eux et on en profite pour leur demander de bien vouloir fermer notre coffre.

Le petit déjeuner du matin suivant est vraiment agréable, malgré un peu de vent il ne fait pas froid. On ne traîne pas trop pour autant et à 8h30 nous sommes sur la route. Nous passons furtivement à Palmerston dont on se rend vite compte que c’est une petite ville sans vie.
Nous roulons ensuite vers le nord en longeant la côte en direction des Moeraki Boulders. Ce sont des formations minérales qui par un étrange phénomène (qui s’explique toutefois de manière scientifique : ces concrétions seraient le résultat de l’accumulation de sédiments autour d’un noyau au fond de l’océan il y a 60 millions d’années) forment des hémisphères qui semblent posées dans le sable, donnant à la plage qui les porte un aspect fantasmagorique et poétique. On en profite pour se promener un peu, les pieds dans l’eau, en appréciant la douceur de ce sable très fin.


Pour aller ensuite visiter certains sites de Vanished World, Le Monde Disparu, rassemblant fossiles et affleurements sédimentaires, nous nous arrêtons rapidement à Oamaru pour acheter une carte représentant les différents points d’intérêt. Il semble y avoir dans cette ville une architecture ancienne et surtout une ambiance rétro assez particulières.
Après avoir mangé au bord d’une route de campagne, abrités du vent par le camion, nous nous rendons compte qu’en termes d’intérêt ces points sont très inégaux. Les premiers sites sont à l’abandon et on ne sait pas bien ce qu’on doit regarder.
Mais nous trouvons ensuite des sites plus étonnants avec notamment, au milieu d’une jolie vallée sédimentaire, des restes de décors du film Le monde de Narnia.


Enfin, le site nommé Elephant Rocks est celui qui, et de loin, nous séduit le plus. De grands blocs de pierre aux formes plus ou moins équivoques sont posés au milieu de vastes étendues d’herbe verte et douce où les moutons paissent paisiblement en feignant de nous ignorer, avec en outre pour décor de fond de belles montagnes pelées.


On tombe aussi, juste à côté de ce site, sur ce qui ressemble à un décor de film en cours de construction. À nous de voir si on le reconnaît un jour à la télé ou au cinéma…


Nous reprenons la route. À Otematata, on trouve des douches publiques à 1 dollar, parfaites. Puis un peu plus loin un camping au bord d’un lac, pour 15 dollars. On y trouve une chouette place sous les arbres mais par prudence on finit par déplacer le véhicule car le vent est très fort et on redoute les chutes de branches, ou même d’arbres.

La route qui nous emmène vers le Mont Cook au matin de ce dimanche 29 janvier nous coupe la chique ! Le lac qu’on longe a une couleur complètement surnaturelle (non, non, les photos ne sont pas retouchées !) et tout au bout, la montagne que l’on vient admirer accepte de se montrer à nous. Nous avons de la chance car il se dit qu’elle est souvent dans les nuages.


En arrivant à Mont Cook Village, on se renseigne auprès de l’office du tourisme (un endroit magnifique où des mini-expositions se tiennent sur l’histoire de l’alpinisme néo-zélandais) pour connaître la météo, les possibilités de randonnées ainsi que les endroits où camper. Plusieurs bonnes nouvelles : du beau temps au moins jusqu’à demain soir et l’autorisation de camper gratuitement à légère distance des refuges (200m minimum) et d’utiliser leurs toilettes, cela est si rare en NZ ! On pourrait aussi dormir en refuge moyennant 36 dollars par personnes (23€ environ) mais on est toujours des croutards !
On prend donc la direction du refuge Mueller (Mueller Hut), qui au terme de 3 à 4h de marche devrait nous offrir un beau point de vue sur le Mont Cook.


En ce qui concerne le chemin qui « monte » vers le refuge, on ne peut même plus parler de montée. La première partie tout du moins est constituée de marches d’escaliers (quel entretien encore une fois !) d’hauteurs inégales. Ainsi, le point de vue situé au bout de la première heure et demie de marche nous accueille tout transpirant.
Le spectacle a commencé, le paysage sous nos yeux est magnifique. Le lac en contrebas ressemble à du lait de ciment dans lequel se serait égarée de la peinture turquoise.


La deuxième partie est un peu moins raide, mais guère plus facile, et le vent plus fort nous rafraichit. À tel point qu’en haut de ce col, nous enfilons nos vestes en goretex.

Quand nous arrivons enfin près du refuge, l’enjeu est de trouver un emplacement pour la tente, au milieu de ce désert de pierre, qui soit : à plus de 200m du refuge, mais pas trop loin pour utiliser les toilettes, un peu abrité du vent et cela va de soi assez plat. On craint que ce soit délicat mais Hervé nous dégote un emplacement presque idéal. À la distance parfaite, un muret a déjà été construit par des précédents campeurs autour d’un emplacement plat qu’ils ont dû nettoyer.

On monte rapidement la tente, puis pendant qu’Hervé grimpe un peu plus haut sur le mont derrière nous, je termine la préparation des couchages et contemple immobile ce panorama incroyable. Sur notre gauche de grands glaciers grondent régulièrement, en face de nous le Mont Cook domine majestueusement et sur notre droite, les lacis des ruisseaux sillonnent le fond de la vallée glacière.

On cuisine quelques noodles puis on s’installe pour assister au spectacle. Pendant que le soleil descend dans notre dos  et que le ciel s’embrase, le Mont Cook se pare de couleurs féériques. Le coucher du soleil, cet évènement pourtant quotidien, nous surprend encore et nous offre un spectacle saisissant de beauté.

Ce n’est que dans une obscurité bien installée, que l’on se décide à se coucher après avoir observé l’apparition des étoiles. Mais la nuit n’est pas très reposante notamment à cause du bruit du vent qui fouette notre tente.

Le lendemain matin, le Mont Cook domine une mer de nuages inondant la vallée. Le lever du soleil produit des reflets scintillants, un peu comme sur un océan. On reste bêtement bouche bée devant cette première image de la journée. Puis on prend notre petit déjeuner encore sous l’émotion de ces chocs visuels.



Nous reprenons la descente peu après 8h, mais nos muscles endoloris par la montée de la veille peinent à nous soutenir dans cette descente très violente (en fait, je dis « nous » mais ici entendez « je » !)


En bas nous récupérons Junior, puis gagnons le refuge du village pour prendre une douche (salutaire) et nous préparer des pâtes. Hervé passe un long moment à s’étirer et me dit que je devrais en faire autant… C’est si rasoir ! Et j’ai plein d’autres choses à faire. Il s’avère que je vais le payer très cher en courbatures.


Malgré un peu de fatigue nous prenons la route en direction du lac Tekapo. Le village installé sur ses berges n’a rien d’extraordinaire, mais le lac est splendide et l’Eglise du bon berger (Church of the Good Shepherd) elle aussi sur la berge lui donne un charme suranné.

Séance de retouche de moustache... en plein air.


Le soir nous nous installons sur l’aire de repos du village de Cave. Rapidement, la dame du bar d’en face nous indique gentiment un endroit pour dormir, à faible distance, sympa, gratuit et avec des toilettes. Après l’avoir longuement remercier, on décide qu’on va aller passer la nuit là-bas. Ça, c’était dans la théorie parce que dans la pratique c’est ce moment que choisi Junior pour ne pas démarrer… pour la 2ème fois. Et ce coup-ci, rien à faire, il faut pousser ! Après cet ultime effort de la journée, on parvient à redémarrer et à trouver l’endroit en question où on passe une très bonne nuit.

Mardi 31 janvier. Nous quittons notre zone de campement (bénédiction, le camion démarre sans problème !) et prenons la route en direction de la côte. Nous nous arrêtons dans la petite ville de Timaru où nous mettons notre journée à profit pour faire une lessive, écrire/courir… On mange à nouveau dans un petit restaurant thaï à midi. En fin d’après-midi, après avoir fait quelques courses au Pak’n Save, nous mangeons et nous nous promenons dans Caroline Bay, dans le parc et le long de la plage sous un arc-en-ciel lumineux et dans la lueur dorée de cette fin de journée.

Lumières et couleurs de Nouvelle-Zélande

Puis nous sortons de la ville et roulons un peu avant de nous poser sur une aire de repos un peu avant la ville de Temuko.

Le lendemain, nous roulons en direction d’Akaroa en passant par Ashburton. La route serpente ensuite sur le bord de l’ancien cratère en descendant vers la mer. Akaroa, « long port » en langue maori, est une petite ville de la péninsule de Banks au Sud Est de Christchurch.
Nous nous promenons dans les rues aux noms en français (Lavaud, Croix, Balguerie, Benoit, Jolie) où flottent de nombreux drapeaux tricolores : la localité, fondée en 1840 par un petit groupe de colons français, cultive sa « French connection », véritable manne touristique pour les habitants.
Nous allons ensuite voir le phare d’Akaroa, avec sa jolie vue sur le port et la baie.


Mais le temps est gris et il est interdit de dormir en van dans toute la ville. En fin d’après-midi, nous décidons donc de reprendre la route. Cependant le van fait à nouveau des siennes et refuse de démarrer. On a pris le coup de main, ce coup-ci je pousse derrière, Hervé sur le côté et dès que l’on atteint une vitesse suffisante il saute au volant et embraye : ça marche ! On se rendra compte par la suite qu’il suffit de donner quelques coups sur le démarreur pour que ça reparte.
En roulant vers Christchurch nous nous arrêtons sur une aire de repos où quelques autres personnes en van ou voiture ont déjà élu domicile pour la nuit.

Jeudi 2 février. Ce soir nous avons rendez-vous avec de potentiels acheteurs français pour Junior. Mais comme on a ce problème de démarrage, on est un peu inquiet. Aussi en arrivant à Christchurch on se renseigne auprès de plusieurs mécaniciens, qui pensent tous, comme nous, que c’est le démarreur qui est en panne ; tous sauf un, un petit asiatique rigolo, qui voudrait nous faire changer d’abord la batterie puis seulement après et si ça ne suffit pas, le démarreur…

Le coût des réparations est élevé et les garagistes ne peuvent de toute façon rien faire avant demain. On décide d’en parler avec les acheteurs. Soit on change le démarreur et le prix est fixe, soit ils s’en occupent et on baisse le prix. On s’occupe ensuite de bichonner notre camion dans une station de nettoyage, on vide tout et on passe tout l’intérieur à l’aspirateur puis on nettoie l’extérieur. Il parait tout neuf. À côté de nous, un autre français, ses dreadlocks réunis en queue de cheval, nettoie aussi son van. On discute le bout de gras et il s’avère qu’il vient de trouver des acheteurs français eux aussi et après avoir passé un an en Nouvelle-Zélande, il retourne en France dans les jours qui viennent.
Ce n’est qu’après avoir pris congé de ce jeune homme et en nous dirigeant vers le centre commercial ou le wi-fi est gratuit, qu’une idée nous traverse l’esprit : et si nos acheteurs étaient les mêmes et n’avaient du-coup plus besoin de voir notre van. Quand on consulte nos mails, en effet nos potentiels acheteurs ont trouvé un véhicule à leur goût… on avait donc raison.

À ce moment-là, on commence à paniquer. Tous les gens qui semblaient intéressés ont disparu de la circulation… On passe donc au Backpackers Car Market de Chistchurch, où on nous apprend que l’on peut, moyennant 85 dollars, poser notre véhicule devant le Hangar et attendre qu’un autre routard nous l’achète et de plus on pourra nous faire la réparation du démarreur à un prix très raisonnable. C’est aussi le point où se rendent tous ceux qui veulent acheter un véhicule pas trop cher, d’autant qu’il est possible d’avoir une visite de contrôle mécanique à moindre coût. Il y a là déjà des gens qui attendent, mais surtout des voitures et pas énormément de vans plus intéressant que le nôtre.

Nous partons donc remplis d’espoir vers le quartier de New Brighton où on va passer la nuit près de la plage, sur une petite aire où il y a des douches froides d’extérieur. Malgré le vent très frais, la douche nous fait du bien.

Le lendemain, vendredi, on retourne donc au Car Market vers 8h, on s’installe devant « la boutique » et on attend. Les vendeurs s’observent et comparent leur véhicule pour estimer leur chance de vendre leur bien.

En fin de matinée, 2 jeunes hollandais (Hans et Yup) sont intéressés par le van. Ils vont l’essayer avec Hervé et leur intérêt s’intensifie. Ils veulent faire la visite de contrôle qui confirme qu’après changement du démarreur et de la jauge d’huile tout ira bien. Le marché est presque conclu. Mais au moment de signer la vente, la secrétaire du Car Market leur propose de sortir la carte d’identité (payante) du véhicule (c’est quoi ce truc ?!) et c’est ainsi qu’on apprend qu’au mois de mai dernier le compteur est étrangement passé de 310 000km à 220 000. Donc le véhicule n’a pas 245 000 km comme on le croit mais bien plus. Là, nos acheteurs sont refroidis, mais voient bien qu’on est très embêté puisqu’on n’était pas du tout au courant. On propose de baisser le prix de 300 dollars et ils choisissent de prendre le véhicule. Ouf !
On refait donc nos sacs et on retourne avec les nouveaux propriétaires de Junior, vers le centre-ville pour se trouver un logement.

Il se trouve que Christchurch est une ville qui a été salement amochée par un séisme (6,3 sur l’échelle de Richter et 180 morts) en février 2011.


Par conséquent, un an après, tout le centre-ville quasi dévasté est fermé pour les travaux, comme la plupart des auberges de jeunesse peu chères. Aussi toutes celles qui restent sont pleines. On est obligé d’essayer plusieurs endroits, en vain. On regrette déjà notre roulotte. On finit par trouver une place au YMCA, pour 130 dollars la nuit (puis 110 la suivante et 80 la dernière nuit), ça fait mal au budget mais on n’a pas le choix.

On passera ensuite nos derniers jours tranquillement dans cette ville où il n’y a plus grand-chose à faire depuis ce tragique évènement et qu’on quittera donc avec soulagement lundi 6 février pour s’envoler vers Bangkok, Thaïlande.

2 réflexions au sujet de « Côte Est, Mont Cook, Christchurch… »

  1. Yess!!! Enfin un nouveau post!!! Je commençais à désespérer de vous lire, petit bout de rêve qui égaye mes voyages parisiens… Vivement les premières photos de Thaïlande!!
    J’espère que Junior ne vous manque pas trop, il était mimi quand même!! Et c’est tellement pratique d’avoir sa maison avec soi partout, tout le temps!
    Des gros bisous tout mouillés de pluie polluée, à vous qui devez étouffer sous la chaleur humide!!
    Ps: YMCA, comme nom d’hôtel, j’adore!!! J’ai limite commencé à danser dans le train!!

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