Nous sommes arrivés à Cuzco Jeudi matin de bonne heure. Nous étions un peu fatigués par le long trajet de nuit aussi a-t-on passé la journée, après un copieux petit déjeuner sur la très belle Place des Armes, entre recherche d’un logement, lessive, mise à jour du blog, sauvegarde des photos,  repérages des lieux et passage chez le barbier pour Hervé. On a jeté notre dévolu sur un hôtel dans le quartier San Blas, que l’on nous avait conseillé. Le quartier de San Blas est un des quartiers traditionnels de Cusco et sans doute le plus pittoresque, il se trouve à quelques encablures de la place centrale de Cusco. Ses maisons blanches aux volets et balcons bleus et son lacis de ruelles étroites et pentues en font un quartier plus que charmant. C’est traditionnellement le quartier des artisans de Cuzco.

Vendredi, nous avons pensé qu’un peu de culture ne nous nuirait pas  et avons décidé de visiter  quelques monuments et musées de la ville. Les visiter tous serait impossible à moins de rester plusieurs semaines ici.  Si nous avons trouvé le musée archéologique très intéressant et instructif, nous n’avons pas été convaincus par la visite de l’immense cathédrale. C’est probablement un peu de notre faute, en effet la cathédrale construite avec plusieurs influences, qu’elles soient européennes, incas, baroques…,  est nichée entre la sagrada familia et l’église du Triomphe et  l’entrée étant déjà un peu chère (50NS pour 2 soit plus de 12€) nous avons choisi de ne pas prendre de guide. C’est peut-être là notre erreur car sans guide la visite présente peu d’intérêt pour des gens qui comme nous sont de pauvres incultes pas passionnés de peinture et de religion. Il faut reconnaitre quand même que l’intérieur est grandiose et tout y semble d’ailleurs démesuré.

Après un repas un peu trop copieux (le classique menu du jour à 4NS=1€, Soupe puis viande, riz,  flageolets/légumes) dans un boui-boui cuzquénien, Hervé  a besoin de faire une petite sieste et nous repassons donc nous reposer un peu à l’hôtel. Après ce petit break, nous allons visiter la petite église du quartier San Blas, et là c’est la très bonne surprise du jour. La visite, ni trop longue ni trop courte, se fait avec une sorte de Walkman qui diffuse au rythme que l’on choisit les explications  sur chaque partie et chaque peinture ou œuvre d’art de l’église, avec bien-sûr son lot d’anecdotes. Et c’est du coup bien plus intéressant…

Nous choisissons de monter jusqu’au site Sachsahuaman en fin d’après-midi, en espérant ainsi ne pas en payer l’entrée (nous n’avons pas pris le billet touristique, droit d’entrée pour plusieurs sites de la ville,  qui inclus ce site-là mais un autre qui nous permettra de voir les sites de la vallée sacrée)… Nous attendons en vain, les contrôles sont toujours en vigueur et nous ne verrons donc qu’une petite partie du site. Tant pis… notre budget n’est pas extensible à volonté…  Il ne reste aujourd’hui qu’un cinquième de cette construction, la plus grosse réalisée par les incas. Sachsahuaman représentait la partie haute de Cuzco qui était construite avec une forme globale de puma allongée et ce site en représentait la tête.

En dernier lieu, on tient quand même à préciser que si Cuzco est une très belle ville, on ne s’y sent pour autant pas très à l’aise. En effet, il y a de nombreux touristes (nous inclus) et l’on est sollicité véritablement en permanence (taxi, hôtel, resto, massage, commerce de tout et n’importe quoi, agence…). On sent que l’on est pour les cusquéniens des vaches à lait et qu’on se fait aussi assez souvent  entourlouper comme de bons touristes que l’on est… Mais c’est un peu le jeu n’est-ce pas ?

Samedi,

Départ en colectivo pour Pisac, à 32 km de Cuzco. Pisac signifie Perdrix en Quechua, et bien que d’architecture coloniale, le village a conservé son plan d’origine inca. Comme nous voulons voir plusieurs sites en 2 jours, nous décidons de monter depuis le village jusqu’en haut du site archéologique en taxi et de faire la visite dans le sens de la descente.

D’en haut nous avons un panorama saisissant sur la vallée. De magnifiques terrasses incas avec leurs murets anti-érosions, fruits d’un travail colossal. Nous parcourons les différents quartiers, sommes subjugués par la beauté de ces édifices et la qualité du travail de construction. Il faut être prudent en parcourant les centaines de marches irrégulières et le chemin  qui nous permettent de redescendre jusqu’au village, on a du mal à regarder ses pieds quand les paysages, l’architecture et la végétation autour de nous sont si beaux.

Nous mangeons à midi dans un petit restaurant de Pisac où Hervé est fasciné par le four devant lequel s’active la petite bonne femme propriétaire du resto. La cuisine s’avère de plus très goûteuse.

Début d’après-midi. Colectivo pour Ollantaytambo (97 km de Cuzco).

Quand on arrive dans ce village, sensation très agréable… Esthétiquement, et à la première impression il nous plait beaucoup.

Ollantaytambo est la seule agglomération au Pérou qui ait conservé intact le plan de la ville inca. Le tracé des rues a été conservé et les demeures coloniales se sont appuyées sur les soubassements d’origine sans les modifier.  Quatre magnifiques ruelles piétonnes pavées parcourent le village dans sa longueur. On trouve également un ingénieux système de rigoles pour la distribution de l’eau.

Nous passons donc l’après-midi à flâner dans les ruelles du village et à crapahuter pour visiter les premières ruines.

C’est d’ailleurs dans un hôtel de ce village que nous passerons la meilleure nuit depuis le début du voyage (literie très confortable, pas de bruit, température idéale…).

Dimanche matin nous sommes les premiers au sommet du site archéologique d’Ollantaytambo (bien contents parce que la veille on voyait des embouteillages dans les escaliers des ruines tellement il y avait du monde). Là encore, nous sommes soufflés par la beauté des lieux et l’idée du travail et de l’ingéniosité nécessaires pour aboutir à une telle structure, qui plus est en parfaite harmonie avec la nature.

Nous quittons le village avec regrets en fin de matinée. Nouvelle expérience  de transports collectifs, pour accéder au croisement pour le village de Maras. Là nous négocions avec un premier taxi puis un 2^ème. Au final, nous obtenons qu’il nous emmène à Moray tout d’abord pour admirer le fabuleux système de terrasses incas en amphithéâtre, creusées dans de petits cirques naturels, époustouflant,

puis aux Salines de Maras avec leurs plus de 4000 bassins, dont les plus anciens étaient exploités avant l’arrivée des incas. Peppe, le chauffeur du taxi, qui a accepté de nous attendre une heure à chaque site, nous ramènera ensuite au croisement initial près de Maras.

De là nous nous rendons, en colectivo toujours, au village de Chinchero. Très beau village entouré d’immenses terrasses incas, présentant des vestiges de murs traditionnels et un marché des plus sympathique et coloré.

Le retour vers Cuzco en colectivo relève plus de l’expérience sportive que du déplacement routier. Le colectivo étant déjà plein, nous sommes trop nombreux entassés dans l’allée centrale. On essaie pendant une bonne demi-heure de se retenir comme on peut pour ne pas écraser nos voisins ou distribuer des coups de coude ou de sacs à dos. Le véhicule est comme souvent décoré d’icônes religieuses, et la conduite quelque peu hasardeuse. A cet instant là, ce qui me traverse l’esprit, c’est qu’il pourrait être écrit sur ces véhicules comme sur les camions que croisait Nicolas BOUVIER (L’usage du monde, 1963) sur la route de Myané : « C’est moi qui conduit mais Dieu est responsable »…