Tupiza

Pour nous rendre à Tupiza, il était prévu que nous prenions un bus qui devait nous y emmener en 4 heures environ. Tout du moins c’est ce qu’avait prétendu la personne qui avait vendu les billets de transport à Hervé.

Quand nous arrivons samedi matin 22 octobre à 5h30 au point de départ des bus, ce n’est pas un bus mais un 4×4 qui nous attend là (alors que pour la compagnie adjacente, c’est bien un bus qui prend le départ…). Nous sommes une dizaine dans le 4×4, Hervé et moi installés à l’avant avec chacun une fesse dans le vide. Le véhicule nous emmène en fait jusqu’à Atocha, à une centaine de kilomètres qu’on parcourt en 2h environ puisqu’il s’agit d’une piste parfois quelque peu ensablée. Le soleil se lève sur l’étendue désertique qui nous entoure et commence à nous réchauffer.

À Atocha où nous arrivons vers 8h, nous devons attendre le bus qui ne partira qu’à 10h30. Nous décidons donc d’en profiter pour prendre un petit déjeuner et l’on nous envoie pour cela sur les quais de la gare. Là nous dégustons, assis sur de petits tabourets devant un bouge en taule bleue qui borde la voie, de délicieux sopaïpillas (beignets de farine de blé plats de la taille d’une grande assiette) accompagnés de maté ou de café, le tout pour moins de 2euros.

Atocha

Nous reprenons enfin un bus bringuebalant à l’intérieur sale et poisseux pour parcourir ce qu’il reste de cette superbe route aux paysages variés éblouissants et en début d’après-midi nous arrivons dans la ville de Tupiza. Cette petite bourgade de 25 000 habitants, située à 2950m d’altitude est décrite comme « sans charme apparent » par les guides. C’est pourtant une ville agréable, plantée dans un décor de Far West, entre montagnes aux tons ocres et rouges, quebradas (gorges) et cactus.

On est surpris par le climat délicieux qui règne ici. Malgré un vent fort, la température est très douce, et après le froid pénétrant d’Uyuni et de la région du Sud-Lipez, c’est très appréciable.

Nous trouvons rapidement une auberge de jeunesse à côté de la gare et organisons notre journée du lendemain : sortie à cheval. On opte pour la version sortie de 7h autour de Tupiza.

Dimanche, après un petit déjeuner traditionnel, maté/café et pasteles (beignets frits, un peu comme les sopaïpillas mais fourrés au fromage), nous partons tout excités en direction de la ferme équestre, où l’on retrouve Juan, 14 ou 15 ans, en jogging et casquette de travers, qui nous servira de guide.

Tout au long de la journée nous nous baladons, d’abord dans la partie la plus sèche, visitant les gorges et canyons comme protégés par une armée de cactus sentinelles, puis en rejoignant le rio San Juan de Oro, on retrouve une verdure franche et inattendue qui contraste avec les couleurs chaudes des paysages alentours.A midi nous mangeons sur les rives du Rio, mais notre guide s’absente en nous prévenant que l’on restera 1 heure environ. Au bout de 2 heures, il est toujours absent et hors de nos vues, nous nous impatientons !! À son retour, Hervé lui fait vertement remarquer son manque de professionnalisme (en même temps il ne doit pas avoir 15 ans alors je pense que ça lui passe bien au-dessus).

L’après-midi, nous changeons de cadence et expérimentons le galop. Le problème est que Bahio, le cheval d’Hervé est capricieux et a peur de l’eau, et le mien, Pancho, plus docile, panique à l’approche d’un trou à sauter. Ainsi, à 2 ou 3 reprises, j’aperçois mon Hervé se retenant tant bien que mal à la selle, crispé sur le cheval qui se secoue violemment en partant au galop à l’approche de l’eau. Quant à moi, j’ai bien retenu la leçon quand Pancho est partie au galop après un saut qui m’avait envoyée côtoyer d’assez près ses oreilles et sa crinière. Dorénavant, quand un trou ou une ornière à sauter se présente, je m’agrippe !Il faut bien avouer que nous n’avions pas approché un cheval depuis plus de 15 ans l’un et l’autre et qu’on a dû se débrouiller pour apprendre sur le tas, puisque notre guide ne nous a pas donné le moindre conseil.

Malgré ces petites frayeurs ce fut une journée fabuleuse, en harmonie complète avec une nature dont on se sentait faire pleinement partie. C’est un moyen de locomotion 1000 fois plus agréable que l’automobile, cela va de soi, et qui permet de parcourir avec bien moins de fatigue de plus grandes distances qu’à pied.

Cela dit, ce n’est pas sans conséquence pour nos fesses qui sont restées douloureuses plusieurs jours. Et il faut bien avouer aussi qu’on a eu des courbatures invalidantes.

Le lendemain nous décidons de changer d’hôtel puisqu’on en a trouvé un au même prix mais avec petit déjeuner inclus, wifi et surtout une piscine. La journée s’écoulera donc en mode farniente, au bord de l’eau, entre lecture et rédaction de cartes postales et blog.

Enfin, mardi, nous avons repris la route en direction de Villazon, à la frontière Bolivie/Argentine. Là nous avons dû traverser la ville à pied pour rejoindre le poste d’immigration et après quelques formalités vite expédiées, traverser la frontière sans encombre pour atteindre la ville de La Quiaca. En l’espace de quelques mètres apparaissent déjà de nombreuses différences. Les routes sont asphaltées et choses qu’on n’avait pas vues en Bolivie des voitures Renault et Peugeot envahissent les rues. Tout semble beaucoup plus européen et policé….

Une nouvelle étape s’offre à nous : l’Argentine….

On a aujourd’hui un peu de recul, et j’aimerais revenir sur quelques points au sujet de la Bolivie. C’est évidemment un pays qui offre des paysages spectaculaires (certainement parmi les plus grandioses du monde, ou du moins ce qu’on en connaît) et d’une beauté extravagante, mais dans une nature si dure et exigeante. Ce pays 2 fois grand comme la France ne compte qu’environ 10 millions d’habitants. Le désert est presque partout… Outre les conditions climatiques et géographiques extrêmes de cet état le plus pauvre des Amériques exception faite de Haïti, l’histoire de la Bolivie est elle-même remplie d’horreurs et d’une suite de dictatures. Les populations indigènes (qui sont majoritaires, 70% environ) ont beaucoup souffert et souffrent encore malgré la présence d’un indien quechua au pouvoir. D’un point de vue culturel, la Bolivie souffre indéniablement de la proximité du Pérou, beaucoup plus riche en sites archéologiques et en musées de qualité. Tous ces éléments seraient-ils responsables de la personnalité particulière du peuple bolivien ? Même si il est difficile et peu judicieux de faire des généralités, les Boliviens sont des gens adorables mais capables aussi d’une dureté et d’une froideur frôlant l’indifférence…

Il est sûr en tout cas que nous resterons à jamais marqués par ce pays attachant et magnifique.

4 réflexions au sujet de « Tupiza »

  1. Salut Anna !
    Il fallait que je mette un petit commentaire, parce-que c’est trop drole : on fait (a peu pres) EXACTEMENT les memes choses !!
    Ca nous fait rire de vous lire, parce-qu’on arrete pas de dire « ah, comme nous ! »
    Tupiza et la sortie a cheval de 7h avec un ado, la pause de 2h30 pdt laquelle il part se baigner avec ses potes pdt qu’on poirote, le changement d’hotel pr « le meme prix avec Internet, petit dej et piscine inclus » (Mitru !), le Salar, les sentiments partages sur la Bolivie, qui nous manque pourtant deja…..
    Bref, ravie de vous lire, en esperant qu’on arrive a se croiser !
    Notre blog a nous est bcp plus sommaire, et surtt, extremement en retard, cf. Internet en Bolivie et perte du cable USB….
    Bref, a Cordoba pr 3 jours, faites nous signe si vs etes par la !
    Bises, continuez bien !

  2. Don’t cry for me Argentina…. Ah la la! Je vous envie! Tous ces paysages, cette culture, le tango… Mais aussi le rouge, hein tatanana? Ici tout roule même moi ça y est! Le boulot c’est reparti pour maman et pour papa ça continue après quelques jours de vacances en Espagne et dans le bordelais ( et là maman a bu une gorgée de vin et a roulé sous la table!).
    Continuez à en profiter et prenez soin de vous, on vous fait plein de gros bécots. Merci pour ce blog de toute beauté!

  3. Vous aviez les santiagues assorties au chapeau pour le far west?? Lol Bonne route les amis et encore merci de regaler nos yeux et notre coeur de toutes vos aventures!!! Vous etes enormes!!! On pense a vous tres fort et tres souvent <3<3

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