La Paz et le Huayna Potosi

La Paz, où nous sommes arrivés lundi de la semaine dernière est, comme nous le disions dans le post précédent, la capitale (capitale politique, puisque la capitale économique est Santa Cruz et la capitale constitutionnelle Sucre) la plus haute du monde. Nichée dans une cuvette et entourée de monts enneigés, elle ressemble ainsi que le faisait très justement remarquer Antoine, un compatriote qui a fait avec nous l’excursion au Huayna Potosi, à une boîte de Lego renversée.

Dans cette ville règne un extraordinaire chaos urbain, les taxis, colectivos et microbus s’impatientent au son des klaxons dans des embouteillages interminables et une foule compacte noircit les rues et ruelles en pentes du centre-ville…Si les quartiers chics de la ville sont très modernes, le centre a toutefois su garder une authenticité véritable. Il reste cependant un seul quartier où l’architecture coloniale est conservée et restaurée, ailleurs, de nombreuses maisons au style colonial tombent en ruine entre des immeubles plus modernes. C’est dans ce quartier préservé où se trouve la Calle (rue) Jaenque nous avons visité un ensemble de quatre musées :

• le musée Costumbrista consacré au folklore bolivien et présentant aussi quelques reconstitutions en plâtre de scènes historiques et de la vie politique bolivienne
• le musée du littoral bolivien avec entre autres des détails grâce à des cartes, photos, documents divers, sur la perte d’un accès à la mer (suite à la défaite de la « guerre du Pacifique » contre  les chiliens en 1879)
• Le musée des métaux précieux sur les productions artistiques et artisanales boliviennes
• La maison Murillo, une belle demeure coloniale rénovée, avec un parquet superbe soit dit en passant… avec notamment des salles consacrées à Pedro Domingo Murillo, héros national.

Calle Jaenque

Nous avons trainé dans les magasins d’artisanat multicolores du quartier indien, remplis de bonnets, sacs, bijoux, tissus, ponchos et autres spécialités andines. Il existe aussi dans ces marchés de rues du quartier indien un marché dit « des sorcières ». On y trouve sur des étals tout le nécessaire pour réaliser des sorts, des talismans, des envoûtements… Des feuilles et fleurs séchées de toutes sortes, des pierres magiques, des griffes d’animaux, des aphrodisiaques mais surtout des fœtus de lamas dont nous ne connaissons pas vraiment l’utilité puisqu’on ne répond pas aux gringos sur ces sujets, de même qu’on ne leur lit pas l’avenir….

        

On trouve bien évidemment aussi dans le centre toutes sortes d’étal de vêtements américanisés, de télévisions, de téléphones… et au milieu de tout cela les cholas (Indiennes) déambulent en poncho bariolé et chapeau melon, comme si personne ne leur avait dit que nous étions au XXIe siècle.

Devant l’Eglise San Francisco, dans le centre, nous avons pu assister à une espèce de défilé dansant, sans trop savoir de quoi il s’agissait mais qui avait réuni un grand nombre de spectateurs.

C’était probablement un événement religieux puisque derrière les danseurs et danseuses, en bout de défilé, se trouvaient un groupe de femmes et d’hommes bien habillés,dispersant des fumées d’encens et dont l’une tenait devant elle une statuette à l’effigie de Jésus.

À une vingtaine de minutes en taxi de la ville se trouve un ensemble de formations rocheuses appelé la vallée de la Lune.

C’est un canyon dont les eaux ont érodé la roche très friable en centaines de cheminées de fées et pitons filiformes qui fait l’objet d’une agréable promenade d’une grosse demi-heure, puisqu’un chemin a été aménagé, avec des points de vue sur les formations rocheuses les plus impressionnantes ou les plus imagées (l’une ressemble à une tête de grand père, une autre à une tortue…).

Nous avons quand même un peu galéré pour revenir car nous avons dû attendre au bord de la route qu’un colectivo veuille bien nous prendre. La plupart n’allait pas au bon endroit ou était déjà pleins.

Enfin, nous avons profité de notre passage à La Paz pour organiser notre excursion au Mont Huayna Potosi. Après avoir comparé plusieurs agences qui proposaient d’ailleurs des choses assez similaires, nous avons opté pour celle qui se trouvait le plus prêt de notre hôtel.

Le mont Huyana Potosi est l’un des sommets de plus de 6000m (6088m) les plus accessibles au monde. Il est réputé pour sa facilité (technique tout du moins…). L’ascension se déroule sur 3 jours, une journée pour le trajet et l’initiation aux crampons et piolet, puis une journée pour aller du premier au deuxième refuge et enfin le troisième jour l’ascension proprement dite.
Nous partons donc pour 2h de trajet (essentiellement de la piste) le jeudi matin à 10h30 au lieu de 9h, heure de départ prévue (ah ! l’organisation et la ponctualité boliviennes !!!) avec 2 guides (le troisième nous rejoindra le 3ème jour), un chauffeur, et 4 autres français : Romain et Mathilde, deux jeunes baroudeurs qui font ensemble un bout de voyage, Antoine le papa de Romain, et Claude, un voyageur solitaire.

Après un repas au 1er refuge (4800m), poulet et riz tout sec, nous partons l’après-midi pour une initiation au pied du glacier le plus proche. Au terme d’une petite marche d’environ 40 minutes pour monter au glacier, nous enfilons nos crampons et nos 2 jeunes guides (Alex et Sebastian, 23 et 25 ans) nous apprennent à marcher avec. Ce n’est pas inné mais pas très compliqué non plus. Puis sur une partie verticale, on expérimente l’escalade. L’initiation ne durera cependant pas très longtemps à cause du mauvais temps, et nous rentrons rapidement nous réchauffer autour de petits gâteaux et d’une boisson chaude au refuge.

Premier refuge

Après la soupe et les pâtes du soir nous nous couchons assez tôt. Nous ne sommes que 6 à nous partager l’étage spacieux où les matelas sont posés à même le sol, on peut donc s’étaler. Par contre l’idée de devoir se lever en pleine nuit pour aller uriner dehors dans ce froid glacial n’est pas très réjouissante.

Au petit matin, nous nous apercevons qu’il a neigé pendant la nuit et qu’il neige encore… Le départ est donc différé à l’après-midi. En attendant nous trainons dans et autour du refuge. Certains se promènent, d’autres lisent, d’autres encore somnolent mais l’horloge digitale du dortoir affiche 6°C, à l’intérieur…

6°C

En début d’après-midi nous décollons enfin, sac et matériel sur le dos. La première heure de marche est assez facile, la deuxième un peu plus difficile puisqu’il s’agit d’emprunter un chemin caillouteux dans le pierrier pour monter jusqu’au 2ème refuge, à 5200m.

Mathilde et Romain

Là se trouvent déjà un certain nombre de touristes qui ont le même objectif que nous.

2ème refuge

Nous installons nos affaires dans le dortoir. En fait de dortoir il s’agit d’une pièce où sont installés une vingtaine de matelas au sol, en 2 rangées, si serrés que pour aller au bout de la pièce on doit marcher sur le matelas des voisins. Dans la salle commune dont les murs sont recouverts de panneaux de bois, des centaines d’inscriptions plus ou moins encourageantes dans toutes les langues : « je l’ai fait », « un pas de plus est un pas de moins »… ou moins glorieux « je suis venu, j’ai vu, je n’ai pas vaincu », des dates et des signatures…

Le réveil du troisième jour est prévu à minuit. La nuit a été courte pour tous, beaucoup n’ont pas dormi malgré un coucher relativement précoce. Nous sommes une bonne trentaine et c’est dans une agitation générale et une excitation grandissante que tout le monde se prépare et prend son petit déjeuner. Les cordées sont constituées de 3 personnes (1 guide pour 2 personnes, c’est pourquoi Rodriguo le 3ème guide nous a rejoint) et se lancent petit à petit dans le noir et le froid.

Seb et Alex

Notre cordée partira dans les dernières, vers 1h30 du matin. A quelques mètres du refuge nous enfilons nos crampons et le guide nous « encorde ». Puis c’est le vrai départ, à la lueur de nos lampes frontales, nous suivons une file de points lumineux qui serpentent dans la nuit.
L’ascension est lente. Nous mettons 6 heures pour faire les 2,5km environ qui nous séparent du somment. Dans le noir, nous ne pouvons que deviner les crevasses qui nous entourent. A partir de 5800m, la respiration est vraiment difficile et la marche se fait plus lente et laborieuse. Nous voyons le jour se lever. Quand arrive enfin la crête sommitale, qu’il ne reste plus qu’une vingtaine de minutes avant le sommet, on reprend courage et on fonce (autant que possible !)

Crête sommitale vue d'en haut

Une fois assise tout en haut (et j’avoue que les 2 derniers mètres sont très difficiles), j’hésitais entre le rire et les pleurs (de joie). La vue de là-haut était somptueuse, malgré la brume.Ce Huayna Potosi, je ne voulais pas trop le faire (fainéantise, peur de l’échec…) mais comme Hervé en avait envie et qu’il ne m’aurait jamais laissée seule pour y aller de son côté, je l’ai fait un peu pour lui. Je ne regrette pas, merci à lui… Mais au final je lui dois le champagne, car je n’aurais jamais cru y arriver.

On essaie de faire la descente assez vite car dès que le soleil chauffe, cela devient un peu plus dangereux (d’où le départ au milieu de la nuit). Avec la fatigue qui s’accumule, ce retour nous paraît cependant bien long. A l’approche du refuge nous sommes obligés d’enlever les crampons plus tôt que prévu à cause de la neige qui se colle dessous et nous fait glisser.
Arrivés au refuge où nous avions passé la nuit, on quitte les chaussures spéciales pour les crampons, les baudriers et on mange une petite soupe. Le repos est de courte durée, après avoir récupéré nos sacs à dos il faut redescendre au 1er refuge pour aller reprendre le colectivo et rentrer à La Paz.

A l’arrivée au 1er refuge,nous sommes une douzaine de passagers, puisqu’un autre groupe de la même agence nous a rejoints ; hagards et souls de fatigue, nous grimpons dans le véhicule qui refuse de démarrer. Il faut pousser. Sur le trajet du retour, tout le monde dort. A proximité de La Paz, le chauffeur roule très lentement en mettant de grands coups de frein, c’est assez agaçant, on a hâte d’arriver, mais il semble avoir un problème mécanique et s’arrête pour arroser d’eau ses freins.
Enfin de retour à l’hôtel, une douche et nous nous mettons au lit… il est 16h…

Le lendemain (dimanche), nous prenons un bus à 10h30 pour Cochabamba. Nous trouvons sans attendre des billets à tarifs réduits car la compagnie veut remplir son bus et le départ est dans 5 minutes…
La suite à Cochabamba…

7 réflexions au sujet de « La Paz et le Huayna Potosi »

  1. Bravo Nana!!!! Victoire!! Trop chouette!!! Bises de nos campagnes! **** Je vais au dodo le coeur rempli par ton courage!! Lechouilles a tous les 2

  2. salut les gringos !
    Les fœtus de lamas sont enterrés sous les fondations des maisons pour porter bonheur à leurs occupants …. Si vous avez d’autres questions hésitez pas ! Gros bisous, bonne continuation et léchouilles aussi !!

  3. Félicitation ma cous!!!!!Le Suc de Monnac et le Mézenc ça va etre du gateau maintenant…
    J’ai hate de voir les photos de cette nouvelle aventure….Gros bisous à vous 2 et merci encore.

  4. trop forte anna. tu n arretes pas de nous epater a chaque fois! bravo a hervé également. c est bien qu il te pousse a te depasser. j serai incapable de faire tout ca. lydie vient a la maison lire vos aventures et regarder les photos des que tu postes quelque chose! au vous fait merci pour le porte bonheur!! bisous math et val

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